Edito

“Dys” thyroïdie

Publié le 24/11/2017
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Linda Sitruk

Linda Sitruk

Cinq spécialités de lévothyroxine répondent désormais aux besoins des victimes des effets indésirables de la « nouvelle » formule de Levothyrox. La dernière sortie annoncée, Thyrofix des laboratoires Unipharma sera dans les officines début décembre. Les premiers résultats de l’enquête de pharmacovigilance de l’ANSM ont écarté l’hypothèse d’une toxicité spécifique de la “nouvelle” formulation des laboratoires Merck. Et les associations de malades ne font plus parler d’elles. Sauf certains patients, qui jugent opportun de traîner devant la justice le fabricant ou la ministre de la Santé. Une condamnation est déjà tombée en Haute-Garonne, entraînant le retour à l’ancienne formule. D’autres jugements suivront sans doute.

Pour autant, aura-t-on répondu à la crise du Levothyrox en multipliant l’offre thérapeutique ? Si cette affaire semble à ce jour se circonscrire, elle suscite de nombreuses questions. Notamment de la part des médecins généralistes, à en croire les commentaires de nos internautes, incrédules et étonnés par cette profusion rapide et inédite de déclinaisons d’un principe actif. Comment s’y retrouver ? Sur quels critères choisir l’un ou l’autre médicament ? Certes, l’ANSM a bien édité un guide d’aide à la prescription, mais son contenu reste général. Et aussi, comment convaincre des patients réticents aux génériques que les excipients sont neutres et anodins… sauf dans le cas du Levothyrox “nouvelle formule” ? L’histoire semble se répéter sans fin, chaque crise sanitaire ignorant le généraliste. À quand une cellule à la HAS capable de réagir rapidement en éditant des recommandations express ? Même transitoires, elles auraient l’avantage de ne pas laisser les généralistes sur le carreau.

Mais surtout, en mars dernier, était-il raisonnable de penser que le changement de formule de ce vieux médicament, qui en 2014 était la spécialité de prescription médicale obligatoire la plus vendue en France, passerait comme une lettre à la poste ? Certes, le gouvernement a convenu du « défaut de communication » envers les patients. Mais trois millions de personnes sont concernées, dont la majorité vit dans un désert médical. Plus que de défaut, ne doit-on pas parler de faute ?

Dr Linda Sitruk

Source : Le Généraliste: 2814