La Ligue contre le cancer dénonce les prix "exorbitants" des médicaments innovants

Publié le 16/12/2015
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Crédit photo : phanie

La Ligue contre le cancer a dénoncé mercredi les prix "injustes" et "exorbitants" des médicaments innovants qui menacent, selon elle, le système de santé et créent des inégalités entre les malades. "Cela fait dix ans que nous constatons une inflation des prix des médicaments. En 2004, les médicaments contre le cancer représentaient 24 milliards de dollars; en 2008, 40 milliards; en 2014; 80 milliards sur un total de 650 milliards du coût des médicaments", a déclaré le Pr Jean-Paul Vernant, du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière lors d'une conférence de presse. Si rien n'est fait pour contenir cette inflation, en 2020, ils représenteront 155 milliards de dollars, soit un doublement en six ans, a-t-il souligné.

Cette inflation est liée, selon lui,  à la multiplication des traitements "ciblés". "Avant, un médicament traitait les 70.000 cancers du poumon", a expliqué M. Vernant, "Aujourd'hui, il s'adresse à des sous-groupes de malades". Mais, selon lui,  les laboratoires, dans une logique de "retour sur investissement", veulent que leur médicament proposé à 5.000 malades soit aussi rentable que celui qui était initialement proposé aux 70.000.

Ls responsables de la Ligue s'inquiètent notamment pour l'avenir. "La prochaine molécule qui devrait arriver en France contre le traitement du mélanome, appelée Keytruda, coûterait plus de 100.000 euros par an pour chaque patient traité", a précisé la Ligue. "100.000 euros de traitement, c'est trois fois le revenu moyen d'un ménage en France. Cela pose un problème économique, éthique et d'équité", observe Franck Chauvin, administrateur de la Ligue. 

Face à ce constat, l'association a exhorté à "un débat public et une régulation immédiate" car "la fixation des prix représente un enjeu majeur", selon Jacqueline Godet, présidente nationale de l'association. En 2015, le coût global de la prise en charge des traitements anticancéreux aura représenté 10% des dépenses de l'Assurance maladie contre 6,6% en 2007, indique l'association. Cette prise de position intervient après un courrier adressé cette semaine à Marisol Touraine par des associations faisant état de préoccupations similaires, mais concernant cette fois le coût des traitements de l'hépatite B.


Source : lequotidiendumedecin.fr