Quel aura été l’impact du confinement chez les personnes atteintes d’ostéoporose ? « On manque de données actuellement mais la Société française de radiologie a lancé un appel d’offres pour rechercher les éventuelles conséquences, en termes de chutes et de fractures, des conditions de vie et de la baisse des prescriptions », indique le Pr Bernard Cortet (Lille). Le manque d’activité physique, d’exposition au soleil, une alimentation parfois déstructurée et d’éventuels arrêts de traitements font craindre une augmentation du risque fracturaire.
Doser la vitamine D ?
Dans ce contexte, il est essentiel de « recontacter les patientes suivies pour ostéoporose, qui ont vraisemblablement perdu de la masse musculaire, de l’autonomie, de la confiance en elles », insiste le Pr Cortet. Il faut réitérer les recommandations habituelles, en particulier sur une alimentation riche en protéines et en calcium, une bonne hydratation (le virus a été retrouvé dans les eaux usées, pas dans les circuits d’eau potable), la reprise d’une activité physique et l’exposition au soleil (20 minutes par jour tête et bras nus suffisent). Concernant plus spécifiquement la vitamine D, l’Anses a rappelé mi-avril « l’importance de veiller à un apport suffisant », craignant un effet délétère du confinement. « Je conseille de doser la vitamine D chez les patientes ostéoporotiques traitées, préconise le Pr Cortet. On peut élargir ce dosage aux personnes à risque de fragilité osseuse restées totalement sédentaires, et indépendamment de l’ostéoporose chez les plus âgées car il est impossible de prédire le taux de vitamine D, et on sait que sa carence est associée à un risque de chutes. » Autre élément en faveur d’une substitution en vitamine D si nécessaire, son rôle dans la prévention du risque infectieux, en particulier pulmonaire, même s’il n’a été prouvé que dans les infections bactériennes.
Arrêt de traitement : des effets variables selon les molécules
Par ailleurs, bon nombre de patientes n’ont pas renouvelé leur traitement anti-ostéoporotique. Un retard de quelques semaines ne pose guère de problème pour les biphosphonates, vu leur rétention osseuse ; la perfusion d’acide zolédronique peut être décalée. Pour le dénosumab, le délai doit être respecté car ce médicament ne s’incorpore pas dans la matrice osseuse. Au-delà de 4 à 6 semaines de retard, les patientes sont potentiellement plus à risque de faire une nouvelle fracture. L’injection doit être faite le plus rapidement possible, et la suivante sera réalisée 6 mois après. Bien qu’il s’agisse d’une biothérapie, il est peu probable que le dénosumab favorise le Covid, mais cela va toutefois faire l’objet d’investigations.
En cas d’infection par le coronavirus, il est logique d’arrêter les médicaments anti-ostéoporotiques chez les personnes atteintes, mais en les reprenant dès l’amélioration, ces personnes étant volontiers dénutries et avec une importante fonte musculaire. Chez les femmes relativement jeunes qui sont sous THS, il est préférable de suspendre ce traitement en cas de Covid, vu le risque thromboembolique.
Article précédent
Cancer du sein et Covid-19, des données françaises rassurantes
Cancer du sein et Covid-19, des données françaises rassurantes
Ostéoporose, attention aux « séquelles » du confinement
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie