Alzheimer : l'autorisation d'un deuxième traitement novateur se profile aux États-Unis

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Publié le 18/07/2023
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Crédit photo : Phanie

L'autorisation d'un médicament contre la maladie d'Alzheimer, le donanémab développé par le groupe pharmaceutique Eli Lilly, pourrait intervenir dès cette année aux États-Unis, après la publication dans le « Jama » des résultats complets d'un essai clinique de grande ampleur. Le laboratoire avait annoncé par communiqué les résultats début mai.

L'essai randomisé Trailblazer-ALZ 2 mené contre placebo chez 1 736 patients ayant une forme débutante d'Alzheimer a confirmé la capacité du donanémab à ralentir la progression de la maladie au stade précoce.

Mais certains experts restent prudents concernant ce nouveau traitement dirigé contre une forme de la protéine amyloïde bêta, dont les bénéfices restent « modestes » et qui comporte des effets indésirables potentiellement dangereux (œdèmes et hémorragies cérébraux).

Une nouvelle génération de médicaments

Ces résultats sont diffusés alors que l'Agence américaine des médicaments (FDA) a pleinement approuvé début juillet un premier traitement similaire contre Alzheimer, le Leqembi (lécanemab), développé par Eisai et Biogen. Cet antipeptide amyloïde bêta avait dans un premier temps fait l'objet d'une autorisation précoce en janvier.

Eli Lilly a dit s'attendre à une décision des autorités sanitaires américaines « d'ici à la fin de l'année » concernant le donanémab et a assuré être en train de déposer ses demandes ailleurs dans le monde.

Le donanémab, comme le lecanémab, est administré par voie intraveineuse, mais toutes les deux semaines, au lieu de quatre pour son prédécesseur. De plus, l'anticorps monoclonal d'Eli Lilly cible les peptides amyloïdes insolubles alors que celui d'Eisen et Biogen les formes solubles.

L'essai clinique pour le traitement d'Eli Lilly a été conduit dans huit pays sur plus de 1 700 personnes âgées de 60 à 85 ans n'ayant pas encore atteint un stade avancé de la maladie.

Pour un sous-groupe d'environ 1 200 personnes, dont les moindres niveaux de protéine tau à la tomographie par émission de positons (TEP) indiquaient un stade encore plus précoce de la maladie, le traitement a permis une réduction du déclin cognitif et fonctionnel de 35 % sur 18 mois.

Mais le traitement peut entraîner des effets indésirables graves, comme des œdèmes et hémorragies cérébraux. Trois décès dans le groupe donanémab de l'essai clinique sont probablement liés au traitement, selon l'étude.

« Les bénéfices modestes ne seraient probablement pas remis en question par les patients, cliniciens ou contribuables » si ces traitements étaient « peu risqués, peu chers et simples à administrer », ont déclaré plusieurs experts dans un commentaire également publié dans le « Jama ». Le prix élevé de ces nouvelles molécules fait débat, de l'ordre de 26 500 dollars par patient et par an pour le lecanémab aux États-Unis (celui du donanémab n'étant pas fixé).

Balance bénéfices/risques au-delà de 18 mois

Récolter davantage de données, en particulier au-delà de 18 mois, sera crucial pour mieux appréhender l'équilibre entre les bénéfices et les risques de ces médicaments, ont-ils souligné.

Même si la mixité de l'essai est plus importante que dans d'autres études, les personnes américaines incluses restent blanches à 96 %, est-il également pointé.

Ces médicaments « de première génération ne sont pas parfaits, a résumé Susan Kohlhaas de l'organisation Alzheimer's Research UK. Mais ils sont un grand pas dans la bonne direction. »

« Ils représentent une percée importante qui va ouvrir la voie à de nombreux futurs traitements », a abondé le Pr Giles Hardingham, pharmacologue à l'université d'Edimbourg.

Dr I. D. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr