Traitements anti-SARS-CoV-2

Léger effet du remdésivir chez certains patients Covid hospitalisés, selon Solidarity

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Publié le 09/05/2022
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Peu après avoir modifié ses recommandations de prise en charge du Covid-19 notamment en réhabilitant partiellement le remdésivir, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie les derniers résultats de son essai clinique Solidarity. Des données qui évoquent un léger effet du Veklury chez les patients hospitalisés ne requérant pas de ventilation.

Le remdésivir (Veklury) pourrait bien avoir une action contre le Covid-19, pour prévenir l’évolution vers une forme grave chez les malades ne requérant pas de ventilation. Cependant, son efficacité apparaît faible. C’est ce que suggèrent les derniers résultats de l’essai clinique Solidarity de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), publiés dans le Lancet.

Pour rappel, fin avril, l’OMS avait modifié ses guidelines sur les médicaments du Covid-19. Une mise à jour qui semblait réhabiliter légèrement l’antiviral de Gilead, l’instance formulant une « recommandation faible » en faveur de son utilisation chez les patients atteints de Covid-19 léger à modéré à haut risque d’aggravation. Et ce, alors même que « l’OMS s’était (précédemment) prononcée contre son utilisation chez tous les patients Covid, quelle que soit la sévérité de la maladie, du fait de preuves qui, à l’époque, montraient toutes une quasi-absence d’effet sur la mortalité ».

Deux essais cliniques différents, une conclusion commune

À l’origine de ce revirement, l’OMS évoquait sans les détailler de nouvelles données cliniques encourageantes. « La mise à jour des recommandations est basée sur les résultats de l’essai de phase 3, en double aveugle contre placebo (PINETREE), démontrant qu'un traitement de trois jours par Veklury réduit significativement le risque d'hospitalisation pour les patients non hospitalisés à haut risque de progression de la maladie », affirmait alors Gilead par communiqué.

Quelques jours plus tard, les résultats finaux de l’essai clinique Solidarity, qui a inclus au total plus de 8 200 patients dans son bras remdésivir, semblent aller à peu près dans le même sens. Et ce, malgré deux différences majeures avec l’essai PINETREE : les patients recrutés (hospitalisés dans Solidarity, non hospitalisés dans Pinetree) ainsi que le schéma posologique utilisé (une perfusion par jour pendant 10 jours dans Solidarity, contre une perfusion quotidienne pendant 3 jours dans Pinetree).

Le remdesivir légèrement efficace seulement chez les patients a priori non ventilés

De fait, chez les patients recrutés dans Solidarity ne requérant initialement pas de ventilation, le remdésivir aurait « un petit effet pour réduire les décès ou la progression vers la ventilation (ou les deux) », soulignent les auteurs de l’article du Lancet. L’administration de remdésivir aux volontaires soit non ventilés mais sous oxygène, soit non oxygénorequérants lors de leur recrutement dans l’essai aurait permis de réduire de 12 à 14 % leur risque de progression vers une forme plus grave. « En combinant tous ceux non ventilés initialement, 11,9 % des patients assignés au remdésivir sont décédés contre 13,5 % assignés au contrôle (RR 0,86), et 14,1 % contre 15,7 % ont évolué vers la ventilation (RR 0,88) », détaillent les auteurs.

Cependant, ces conclusions ne concerneraient toujours pas les patients ayant déjà développé une forme plus sévère. « Le remdésivir n'a pas d'effet significatif sur les patients atteints de COVID-19 qui sont déjà sous ventilation », insistent les auteurs. En effet, parmi les volontaires déjà sous ventilation, 151 (42,1 %) des 359 assignés au remdésivir sont décédés, contre 134 (38,6 %) des 347 assignés au contrôle (RR = 1,13).


Source : lequotidiendumedecin.fr