Covid-19 : les autotests arrivent en France

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Publié le 12/04/2021
Les autotests antigéniques s'effectuent sur prélèvement nasal et non nasopharyngé.

Les autotests antigéniques s'effectuent sur prélèvement nasal et non nasopharyngé.
Crédit photo : GARO/PHANIE

Suite à leur autorisation par un arrêté pris hier par le ministre de la Santé, les autotests de détection antigénique du SARSCoV-2 arrivent aujourd’hui en France. D’après un entretien accordé par Olivier Véran au Journal du dimanche, ceux-ci devraient en effet se voir déployés « progressivement dans des milliers d’officines tout au long de la semaine ». L’objectif : permettre « la réalisation de tests plus fréquents », souligne l’arrêté, soit accélérer encore la politique de dépistage.

Des tests sur prélèvement nasal, et non nasopharyngé

En pratique, comme le rappelle le DGS-Urgent diffusé ce matin, ces autotests, à la différence des tests antigéniques ou de RT-PCR réalisés par des professionnels, requièrent un prélèvement nasal et non nasopharyngé. Moins invasifs, ils devraient donc inciter à renouveler l'analyse plus souvent que les tests classiques, même si le geste peut s'avérer difficile à réaliser correctement.

En effet, si le risque lésionnel associé aux prélèvements nasopharyngés pointé par l’Académie de médecine en fin de semaine dernière apparaît moindre avec ces prélèvements plus superficiels, ceux-ci pourraient toutefois être effectués de façon « trop timide » et conduire à des faux négatifs. Cet écouvillonnage doit être pratiqué sur les parois du nez à hauteur du cornet médian, 3 à 4 cm à l’intérieur de la narine, par un mouvement de rotation à répéter 5 fois de suite éventuellement dans chaque fosse nasale, détaillait Cédric Carbonneil lors d’une conférence de la presse de la HAS organisée le mois dernier.

Deux types de cibles

Ces tests sont à réserver au dépistage « uniquement chez les personnes asymptomatiques de plus de quinze ans », hors cas contacts. Mais au sein de cette population, deux types de cibles sont à distinguer.

D’abord, le grand public peut, au-delà de cet âge, accéder à ces tests en officine (et non sur internet) au prix maximal de 6 euros jusqu’au 15 mai, puis de 5,20 euros ensuite. D'autre part, une dispensation gratuite avec prise en charge par l’assurance maladie sur présentation de pièces justificatives est prévue pour les professionnels « en contacts fréquents avec des personnes à risque » (à savoir, les personnes intervenant à domicile auprès de personnes âgées ou en situation de handicap et les accueillants familiaux) qui plus est non vaccinés. Dans le même esprit, les autotests « vont être rapidement mis à disposition dans les établissements scolaires » en vue d’une utilisation par les enseignants comme les élèves, a promis Olivier Véran au JDD.

Toutefois, on peut s’interroger quant à l’utilité des autotests chez les particuliers. Car si le DGS-Urgent affirme que « les dépistages par autotest sur prélèvement nasal s’inscrivent en complémentarité du système de diagnostic "au moindre doute" » et que la HAS imaginait dans son avis de mars que les autotests pourraient être utilisés occasionnellement dans la sphère privée « avant une rencontre avec des proches », le DGS-Urgent recommande finalement de maintenir les mesures barrières même en cas de test négatif. En cause : les performances de ces autotests, encore non démontrées en conditions réelles d’utilisation par des usagers non formés, « avec un risque de perte de sensibilité », reconnaît la HAS. Ainsi la DGS préconise-t-elle plutôt une « utilisation itérative » une à deux fois par semaine – visant à « s’assurer de réaliser le test au début de l’infection, quand le virus est le plus détectable et où la personne est la plus contagieuse » – qui semble plus adaptée aux populations de professionnels particulièrement exposés. 

À noter par ailleurs que l’utilisation de ces tests dans le cadre de dépistages ciblés (personne contacts, cluster, etc.), envisagée par la HAS, n’est pour le moment pas retenue par la DGS. Ces tests ne s’adressent en effet pas aux personnes contacts ou symptomatiques, insiste l’autorité sanitaire. « Dans ces cas [pour lesquels le résultat présente une probabilité accrue de s’avérer positif ndlr], il est nécessaire de faire un test RT-PCR ou un test antigénique rapide sur prélèvement nasopharyngé ».

Confirmer les résultats positifs par PCR

D’ailleurs, tout résultat positif doit également se voir confirmé par RT-PCR. Et ce non seulement pour détecter la présence éventuelle d’un variant d’intérêt, mais afin de participer au contact tracing et au bon suivi de l’épidémie de covid-19. « Contrairement aux TDR/TROD dont la traçabilité est assurée par une déclaration dans SI-DEP, il n’existe à ce jour aucune traçabilité opérationnelle pour les résultats des autotests antigéniques », ajoutait en effet la HAS le mois dernier. À ce propos, reste d’ailleurs à savoir comment les autotests seront intégrés dans le calcul du taux de positivité des tests réalisés en France, utilisé pour suivre la situation épidémiologique dans le pays.


Source : lequotidiendumedecin.fr