Infectiologie

Grippe et bronchiolite : le conseil scientifique Covid-19 craint des épidémies hors normes cet hiver

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Publié le 11/10/2021
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Alors que l'an dernier le Covid-19 a donné un coup d'arrêt aux autres viroses respiratoires, en imposant des mesures barrières inédites, la situation pourrait être tout autre cette année. Dans un nouvel avis, le conseil scientifique Covid-19 met en garde contre le risque d'épidémies de bronchiolite et de grippe importantes cet hiver.

Crédit photo : BURGER/ PHANIE

Après une année quasiment blanche liée au covid, faut-il s’attendre à un retour en force des viroses respiratoires saisonnières ? Dans un avis récent, le conseil scientifique COVID-19 revient sur cette question, pointant un risque non négligeable de rebond des infections hivernales cette année.

Bronchiolite, un déficit d'immunité collective

Les experts s’inquiètent notamment d’une possible épidémie de bronchiolite de « grande ampleur ».

« La situation épidémiologique favorable du SARS-CoV-2, la levée des restrictions sur les transports internationaux, et la moins bonne application des mesures barrières vont permettre à nouveau la circulation virale du virus respiratoire syncytial (VRS) et du virus de la grippe dans les mois à venir », anticipe le document.

Or pour le VRS, du fait de la très faible circulation du virus l’an passé et de l’absence de vaccin, il existe « un déficit significatif d’immunité collective acquise ». Avec à la clé, une population de sujets susceptibles d’être infectés supérieure à celle observée habituellement.

« Il convient donc d’anticiper que la taille de l’épidémie VRS en France sera plus importante cet hiver en comparaison des hivers précédents, notamment si elle est décalée en janvier ou en février 2022 ».

La situation dans l’hémisphère sud -qui préfigure souvent ce qui se passera quelque mois plus tard sous nos latitudes- plaide dans ce sens avec des données qui montrent une circulation du VRS accrue et décalée dans le temps et dans les tranches d’âge. L’ Australie a notamment rapporté cet automne une épidémie d’intensité inhabituelle touchant des enfants d’âge moyen (18.4 mois) supérieur à l'âge habituel de survenue de la bronchiolite (7,3 à 12,5 mois selon les années).

En France, Santé publique France note d’ores et déjà une « tendance à l’augmentation des indicateurs de surveillance pour bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans ». Selon le dernier Bulletin épidémiologique bronchiolite, 1 278 enfants de moins de 2 ans ont été vus aux urgences pour ce motif en semaine 39 (soit du 27 septembre au 3 octobre 2 021) et 460 ont été hospitalisés, contre respectivement 700 et 300 à la même époque, lors d'une année "normale".

Grippe, la crainte d’une épidémie précoce  

La situation est un peu différente concernant la grippe. Si le risque de « déficit d’immunité collective », semble moins prégnant que pour le VRS, « l’intensité de l’épidémie dépendra principalement du niveau de vaccination », prévient le conseil scientifique, alors que la campagne de vaccination antigrippale devrait être lancée d’ici la fin du mois. Le type de virus prépondérant cette saison sera aussi déterminant. On sait en effet que les virus de type A (H3N2) provoquent des épidémies de plus grande taille (car plus transmissibles) avec des niveaux d’hospitalisation et de décès supérieurs à ceux observés avec les virus A (H1N1) p et B. Ces virus A (H3N2) impactent de façon majeure les personnes les plus fragiles et notamment les personnes âgées. Par ailleurs, ce sont les virus pour lesquels l’efficacité vaccinale est la moins bonne (de l’ordre de 40 % en moyenne).

Or les données de surveillance actuelle montrent déjà une circulation à bas bruit, mais significative des virus influenza en Europe et en France avec notamment une circulation de virus A (H3N2). « Ces éléments sont des signaux sérieux qui font craindre une épidémie précoce avec un impact important sur le système de soin », met en garde le conseil scientifique.

 

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr