Santé mentale : les jeunes au cœur des préoccupations, des campagnes à l'occasion de la journée mondiale

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Publié le 10/10/2023
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Crédit photo : GARO/PHANIE

À l'occasion de la journée mondiale de la santé mentale, ce 10 octobre, les alertes se multiplient autour de l'état psychique des jeunes générations. « Partout en France, les besoins en matière d’accompagnement des enfants et des jeunes explosent, sans trouver de réponse adéquate », déplorent, dans une lettre ouverte à la Première ministre Élisabeth Borne, l'Unicef et une douzaine d'associations qui réclament d'urgence une stratégie nationale interministérielle ambitieuse.

Les signataires dénoncent la béance entre les annonces politiques et les actes. Malgré l'engagement d'Élisabeth Borne, le 27 septembre dernier, à faire de la santé mentale des jeunes une priorité, les « mesures sont sporadiques et désaccordées », « les efforts du gouvernement, insuffisants ». Quant aux Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant, « maintes fois reportées au cours des derniers mois », elles devront « aboutir à l’établissement de mesures fortes et ambitieuses et inscrire cette priorité de santé publique dans une dynamique interministérielle et intersectorielle », lit-on. Parmi les mesures attendues : l'augmentation des moyens des services de soins, le renforcement de la prévention et du soutien à la parentalité et aux aidants, la déstigmatisation de la santé mentale, le développement de l'aller vers.

« La santé mentale constitue évidemment un enjeu de santé publique, mais il s’agit d’abord d’un droit fondamental pour chaque enfant », interpelle Adeline Hazan, présidente d’Unicef France.

Gestes et idées suicidaires, troubles de l'humeur et anxiété

En 2023, s'accentue la dégradation de la santé mentale des 11-24 ans, une tendance observée depuis septembre 2020. Selon le bilan d'octobre de Santé publique France (SPF), la rentrée scolaire a donné lieu à une augmentation sans précédent des gestes et idées suicidaires chez les 18-24 ans, et des troubles de l’humeur et troubles anxieux chez les 18-24 ans et les 11-14 ans. En 2021, déjà, près d'un jeune sur quatre avait traversé un épisode dépressif (contre moins de 12 % en 2017).

En outre, les résultats des vagues 34 et 35 (mai 2022, septembre 2022) de l'enquête CoviPrev montrent que les jeunes adultes se préoccupent en moyenne moins de leur santé que leurs aînés. En 2022, 35 % des 18-24 ans avaient l’impression de négliger leur santé mentale ; parmi eux 32 % déclaraient ne pas savoir comment faire, 29 % indiquaient ne pas avoir le temps et 25 % ne s’en sentaient pas capables. Et d'avancer, comme freins à la consultation d'un psy, le prix de la consultation, la difficulté à se confier ou la crainte de ce qu’ils pourraient découvrir sur eux, et la peur que l’entourage l’apprenne.

Promotion des comportements positifs

Pour sensibiliser les adolescents et jeunes adultes aux comportements bénéfiques à leur bien-être psychique, SPF diffuse cinq vidéos, « Le Fil Good », sur les réseaux sociaux jusqu’en décembre. Ludiquement, elles montrent les vertus de l'activité physique, du sommeil, des loisirs, de l'aide des autres, et de la gratitude. Et rappellent l'importance de parler de son mal-être, à une personne de confiance ou à un écoutant du dispositif Fil Santé Jeunes (0 800 235 236).

De son côté, l'association Nightline, à destination des étudiants, lance sa nouvelle campagne Tête la Première pour promouvoir l'activité physique, en partenariat avec les athlètes de haut niveau que sont Emma Oudiou, Asma Niang, Claire Palou et Charles Cortot.

Plus largement, le souci de la santé mentale est grandissant en France et en Europe. C'est un problème principal pour 35 % des Français, juste derrière le cancer (57 %), soit 15 points de plus qu'en 2022, selon un sondage Ipsos*. Et neuf Européens sur dix (89 %) estiment que la promotion de la santé mentale est aussi importante que la promotion de la santé physique, selon un récent Eurobaromètre. Pourtant, moins de la moitié considèrent que les problèmes de santé mentale sont aussi bien traités que les problèmes physiques. Selon l’enquête, plus de la moitié des répondants (54 %) ayant un problème de santé mentale n’ont pas reçu l’aide d’un professionnel.

* Étude menée entre le 21 juillet et le 4 août 2023, auprès d’un panel de 23 274 adultes de 31 pays, dont 1 000 en France.


Source : lequotidiendumedecin.fr