Des moyens et outils très utiles
Le Web représente une source quasi inépuisable d’informations médicales, bonnes ou mauvaises, pour les patients, les usagers, les citoyens. D’ailleurs, les médecins n’hésitent plus à consulter eux-mêmes le Web lorsqu’ils s’interrogent sur un symptôme, une maladie ou un traitement.
Le numérique et le Web ne sont toutefois que des moyens, des outils(1). « Par conséquent, les grands principes de déontologie médicale s’y s’appliquent. Le premier code de déontologie médicale date de 1946 et il a été un peu retouché en 1995, avant l’ère du numérique. Pour les appliquer à notre époque, il faut donc s’attacher aux principes et non pas à une lecture fermée », rappelle le Dr Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), délégué général aux systèmes d’information en santé. Aujourd’hui, le HONcode (Health On the Net) a pour but de certifier certains sites web médicaux et de santé. Cette charte permet de s’assurer qu’un site web respecte certains standards, notamment en termes de vérification et de fiabilité des informations. Elle ne garantit pas, néanmoins, la véracité des informations présentes sur un site, le contrôle du contenu ne faisant pas partie des critères de sélection.
Disposer d’un site Internet
Selon toutes les enquêtes d’opinion, les médecins représentent pour tous les publics la première source fiable en information de santé. « Le médecin devient “prescripteur d’informations”. À la fin d’une consultation, il pourra dire au patient : “Pour mieux retenir les explications que je viens de vous donner, vous pouvez aller consulter tel ou tel site Internet que je vous recommande.” Et, à un stade supplémentaire, le médecin pourra être lui-même fournisseur d’informations, en créant son propre site Internet », ajoute le Dr Jacques Lucas. Voir une solution de création de site Internet.
À ce titre, il sera préférable qu’il se conforme à la charte de conformité déontologique applicable aux sites web professionnels des médecins(2, 3). Si le Conseil ne délivre aucun agrément ni label, il tient à les prémunir vis-à-vis d’éventuels contentieux.
L’ergonomie du site pourra être élémentaire : la localisation du cabinet, le trajet pour s’y rendre, les principaux tarifs… Mais, au-delà, « comme on accroche une plaque dans la rue, le médecin pourra poster sa plaque virtuelle sur le Web. Il pourra aussi dispenser des informations médicales en fonction de sa discipline ou, faute de temps, indiquer des liens qui renverraient à ses yeux vers des sites de confiance, avec des informations pertinentes et accessibles au grand public. C’est cette présence positive des médecins sur le Web qui nous semble la meilleure façon de faire à l’heure du numérique en santé », affirme Jacques Lucas. Il ne s’agit toutefois pas de publicité car c’est le patient qui ira chercher lui-même les informations et non le médecin qui vantera ses mérites en les imposant à son patient.
Le Conseil national compte d’ailleurs publier, en juin probablement, un document « Information, communication, publicité et réputation numérique » afin d’être clair sur ce sujet.
La prise de RDV en ligne
Un médecin peut tout à fait mettre un agenda en ligne sur son site Internet pour que les patients prennent rendez-vous avec lui, à la condition que n’apparaissent que des zones libres et des zones fermées quand un RDV est déjà pris. Selon le CNOM, cet agenda en ligne doit être protégé par des sécurités informatiques. En outre, un service de rappels SMS de la personne peut y être associé. Ce service peut soulager les tâches de secrétariat des cabinets médicaux et faciliter ainsi la mémorisation du RDV par les patients. En pratique, le site du médecin pourrait aussi renvoyer à un site spécialisé dans la prise de rendez-vous médicaux. Un contrat liera cette société de services prestataire, comme un secrétariat à distance, au médecin.
Être présent sur les réseaux sociaux
Les médecins qui utilisent les réseaux sociaux portent toujours la responsabilité de leurs écrits. « Nos recommandations : être présent et être vrai, mais rester modéré dans ses propos, faire preuve de retenue, ce qui n’empêche pas de faire montre d’un certain humour. Cela fait partie de l’étiquette sur le Net », estime Jacques Lucas. Attention, aussi, à préserver sa réputation numérique, sur Internet et sur les réseaux sociaux. Une parade : prendre un pseudo. L’avantage : le médecin ne peut pas être taxé de se faire de la « publicité » car il n’est plus identifiable. Une personne pourra toutefois se présenter comme médecin, sans que les internautes n’aient de moyen de le vérifier.
Le Conseil national a donc proposé, se rappelle le Dr Lucas, que le médecin, via un dispositif informatique fermé, déclare son pseudo sur le site du CNOM. Le dispositif informatique attesterait qu’il s’agit bien d’un médecin inscrit au tableau, en situation régulière d’exercice. Cette proposition a soulevé des contestations sur twitter, « mais nous n’avons pas abandonné l’idée qui a des bases juridiques, même s’il faut faire manifestement de la pédagogie et ne pas imposer », conclut Jacques Lucas.
Nous remercions le Dr Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), délégué général aux systèmes d’information en santé, pour sa précieuse collaboration.
Christine Colmont
Références
(1) Santé connectée, de la e-santé à la santé connectée. Le Livre blanc du Conseil national de l’ordre des médecins, Ordre national des médecins, Conseil national de l’ordre. Janvier 2015.
(2) Charte de conformité déontologique applicable aux sites web professionnels des médecins
http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/charte_internet_cnom2014.pdf
(3) Déontologie médicale sur le Web. Le Livre blanc du Conseil national de l’ordre des médecins, Ordre national des médecins, Conseil national de l’ordre. Décembre 2011.
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