Bilan économique du secteur du médicament

La croissance molle du secteur semble s’installer durablement

Publié le 21/06/2010
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COMME CHAQUE ANNÉE, le LEEM (Les Entreprises du Médicament) a fait le bilan de l’année écoulée pour son secteur d’activité. Lors de cet exercice, Christian Lajoux, président du LEEM a jugé que l’année écoulée avait connu « une croissance faible, identique à celle de l’année précédente », du marché du médicament, avec une hausse du chiffre d’affaires de 2,7 % (2,2 % en remboursable), identique à celle de 2008. Le chiffre d’affaires du secteur se monte à 26,9 milliards d’euros. Quant aux prévisions du LEEM pour les deux prochaines années, elles tournent autour de 2 %, « entre 1 et 2 % » préfère dire pour sa part Christian Lajoux, qui se veut prudent.

Le secteur semble donc s’installer durablement dans un cycle de croissance molle. Malgré ces résultats en demi-teinte, il reste en France l’un des principaux postes d’exportation avec un excédent de la balance commerciale de 6,8 milliards d’euros. Ces résultats « ne reflètent pas les profonds bouleversements du secteur », prévient le patron du LEEM, qui cite notamment le développement des génériques. Ceux-ci représentent aujourd’hui 12 % du chiffre d’affaires du médicament remboursable en ville, soit près d’un quart de l’ensemble des boîtes vendues en officine.

Le LEEM ne change pas pour autant de discours et regrette que, malgré cette conjoncture moins favorable, le médicament reste « malheureusement une variable d’ajustement » des pouvoirs publics pour tenter d’éponger les déficits. Le LEEM déplore à ce sujet d’avoir encore subi dernièrement des « mesures pénalisantes » comme la création d’un taux de remboursement pérenne à 15 % pour les médicaments à SMR faible ou insuffisant, ou la récente contribution de 100 millions d’euros des laboratoires, dans le cadre du plan d’économies de 600 millions d’euros destiné à tenir l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM). « Pourtant, nos objectifs sont tenus, rappelle Christian Lajoux, et la progression de notre chiffre d’affaires reste inférieure à celle de l’ONDAM ».

L’instauration du taux de remboursement à 15 % semble cristalliser l’agacement du LEEM : « Il s’agit d’une mesure anti-industrielle par excellence », clame Christian Lajoux qui rappelle qu’elle va concerner essentiellement des laboratoires de taille modeste. « Il y a risque de transferts de prescription vers d’autres médicaments mieux remboursés », conclut-il sur le sujet.

Quelques raisons d’espérer.

On a cependant l’impression qu’il reste encore au LEEM quelques raisons d’espérer. Grâce à la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) tout d’abord, souligne Christian Lajoux qui appelle de ses vœux la mise en œuvre rapide du texte de loi afin de permettre « une restructuration en profondeur de l’offre de soins dans notre pays, seule de nature à permettre de dégager des marges de manœuvre pour améliorer la prise en charge de nos concitoyens ». De plus, en octobre, le dernier CSIS(Conseil stratégique des industries de santé, qui réunit les principaux industriels du secteur et leurs ministres de tutelle) « a permis, selon Christian Lajoux, d’enregistrer des progrès extrêmement significatifs dans de nombreux domaines ». Le développement des partenariats public-privé et la création d’un fonds de soutien aux entreprises de biotechs font partie de l’arsenal des mesures décidées au cours de ce CSIS, rappelle Christian Lajoux qui ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre ces mesures qu’il juge positives et l’annonce récente de baisses de prix de médicaments qu’il estime en revanche contre productives. « L’attractivité ne se découpe pas en morceaux », rappelle le patron du LEEM qui estime que si cela vaut « pour la R & D (recherche et développement), pour la production et le marché », cela vaut aussi pour « la régulation et la gouvernance ».

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8794