Est-ce la fin d’une polémique longue et stérile sur les pilules de troisième génération ? Sans doute pas. Le parquet de Paris a classé l’enquête ouverte fin 2012 sur les pilules de 3e génération à la suite de la plainte d’une jeune femme âgée de 25 ans et handicapée à 65 % après un accident vasculaire cérébral qu’elle attribuait à la pilule Méliane (Bayer), puis à 130 autres plaintes centralisées au pôle de santé publique. Selon l’AFP, l’enquête ne permet pas au parquet « d’établir avec certitude l’existence d’un lien de causalité entre la prise du contraceptif et les pathologies présentées par les plaignantes ». « S’il est scientifiquement établi depuis de nombreuses années qu’il existe, à l’échelle collective, un risque global de développer une pathologie thromboembolique, il n’est pas possible de prouver "avec certitude" à l’échelle individuelle que l’accident médical était dû à la prise de ces pilules », concluent les magistrats.
Le CNGOF soulagé, mais de nouvelles plaintes à venir
Contacté par « le Quotidien », le Pr Israël Nisand, président du CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français), salue cette décision, « celle que nous attendions, qui signifie que le doute scientifique, qui étreint la communauté médicale, a également touché les magistrats, qui n’ont pas exclu ces pilules, utiles à de nombreuses femmes subissant des effets secondaires de type acné, prise de poids, etc. Il est très utile, s’il n’y a pas de risque thromboembolique, de pouvoir prescrire des pilules de troisième génération, et si le jugement avait été dans l’autre sens, on aurait vu disparaître ces pilules, ce qui aurait privé les femmes d’une contraception », souligne-t-il.
L’avocat de certaines des femmes ayant déjà porté plainte pour « atteinte involontaire à l’intégrité de la personne » a cependant précisé à l’AFP que trois de ses clientes déposeront une plainte avec constitution de partie civile visant des laboratoires et l’ANSM. Ce qui devrait provoquer la désignation d’un juge d’instruction pour poursuivre l’enquête.
Déremboursement, et positions opposées de l’ANSM et de l’EMA
Après la première plainte, fin 2012, le déremboursement des pilules de 3e génération, prévu pour décembre 2013, avait été avancé à mars 2013, pour service médical rendu « insuffisant ». Par ailleurs, la prescription de contraceptif oral combiné de 2e génération en première intention avait été recommandée par l’ANSM. Il avait même été question un temps de réserver sa prescription aux seuls spécialistes, une idée par la suite abandonnée. « Nous avions été surpris par un déremboursement aussi rapide, rappelle le Pr Nisand. Si c’était dangereux, il fallait retirer du marché ces pilules, pas faire porter leur coût sur les femmes. »
De son côté, l’EMA (agence européenne du médicament) soulignait qu’il « n’existe actuellement aucune preuve susceptible de modifier le profil de tolérance d’un quelconque contraceptif combiné commercialisé aujourd’hui ». L’agence indiquait aussi « n’avoir reçu aucune donnée nouvelle de la part des États membres concernant des cas d’accidents thromboemboliques veineux en relation avec des prises de contraceptifs combinés ». Elle s’était ensuite déclarée favorable aux pilules de 3e et 4e générations dont les bénéfices restent supérieurs aux risques, selon elle, malgré un taux plus élevé d’accidents par thromboses veineuses. Un avis qu’elle avait confirmé par la suite.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie