Le recours à l’assistanat sexuel pour les personnes en situation de handicap est de nouveau évoqué bien que le Comité Consultatif National d’Éthique ait émis un avis très étayé sur la question en 2012 [1]. Y a-t-il eu des évolutions sociales depuis lors qui laisseraient à penser qu’on puisse revenir sur le sujet ?
Une loi a depuis été votée qui vise « à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées ». C’était en 2016, elle repose sur quatre piliers : renforcement de la lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle ; dépénalisation des personnes prostituées (la pénalisation du racolage passif avait été introduite en 2003) et l’accompagnement de celles qui souhaitent sortir de la prostitution ; prévention des pratiques prostitutionnelles et du recours à la prostitution ; interdiction de l’achat d’actes sexuels et responsabilisation des « clients » de la prostitution
Ses effets commencent à paraître et sont très positifs là où la loi est appliquée, notre association en témoigne [2]. La prostitution n’est que violences, un quasi-esclavage sexuel qui met en danger la santé et la vie des personnes. Le parcours de sortie de prostitution prévue par la loi dynamise les personnes en reconnaissant leurs souffrances, leur redonne courage et espoir pour affronter les obstacles sur le chemin de leur libération. La prostitution et ses trafics sont très profitables aux réseaux et proxénètes en tous genres, ce qui entretient la légende d’une prostitution choisie et heureuse. Notre association n’en a pas rencontré de la sorte depuis qu’elle existe, c’est-à-dire depuis 1946 !
Les « besoins sexuels irrépressibles » cités par nombre de nos contemporain.es, n’existent que pour légitimer les viols. Les hommes ont des désirs sexuels comme les femmes, ils savent les maîtriser comme elles et il n’existe pas plus de droit à la sexualité qu’il n’existe de droit à soumettre quiconque à ses désirs sexuels.
La vie affective et sexuelle est le fait d’échanges réciproques respectueux
Dans ce contexte, les besoins sexuels des personnes handicapées nécessiteraient-ils de recourir à des spécialistes du sexe moyennant rémunération quand la loi l’interdit ? Des pays européens ayant accepté précédemment que des proxénètes se posent en entrepreneurs, ont institué l’assistanat sexuel. On y observe que les demandes sont dans la grande majorité des cas celles des hommes et que les réponses proviennent surtout des femmes, ce qui ne surprend pas car la prostitution est un des résultats de la domination masculine.
En fait, les personnes en situation de handicap souffrent surtout de solitude et c’est leur présence habituelle dans les lieux de socialisation qui leur permettrait d’établir de vraies relations humaines. La vie affective et sexuelle est le fait d’échanges réciproques respectueux et non pas d’achats d’actes sexuels [3] qui sont aussi méprisants pour l’acheteur que pour la personne achetée. Une des solutions serait d’avoir plus d’aides-soignant.es pour s’attaquer aux vrais problèmes qui sont les difficultés rencontrées dans le quotidien et non pas d’avoir des prescriptions médicales de séances d’accompagnement sexuel comme cela peut exister aux Pays Bas, éventuellement prises en charge par la Sécurité Sociale [4].
Après avoir étudié très attentivement la question, le CCNE concluait en 2012 qu’il ne « pouvait discerner quelque devoir et obligation de la part de la collectivité ou des individus en dehors de la facilitation des rencontres et de la vie sociale… » La réponse est toujours d’actualité.
[1] Avis n°118 sur la vie affective et sexuelle des personnes handicapées. Question de l’assistance sexuelle
[2] L’Amicale du Nid avec ses 200 salarié.es, accompagne quelque 5000 personnes en situation de prostitution chaque année.
[3] Selon l’OMS, « la santé sexuelle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sûres, sans contrainte, discrimination et violence. Pour atteindre et maintenir un bon état de santé sexuelle, les droits sexuels de tous les individus doivent être respectés et protégés. »
[4] L’association « Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir » constituée de femmes handicapées ne dit pas autre chose.
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