L’EXPOSITION anatomique controversée, Our Body/À corps ouverts, présentée à Paris, à l’espace 12 Madeleine, depuis le mois de février et qui devait se poursuivre jusqu’au 10 mai avant d’être transférée au Parc floral pour trois mois, vient d’être interdite. Le fait est exceptionnel en France. Mais pour le juge des référés Louis-Marie Raingeard, la règle est claire : « L’espace assigné par la loi au cadavre est celui du cimetière. » Le juge considère par ailleurs que la commercialisation des corps « porte une atteinte manifeste au respect qui leur est dû ».
À la suite de la plainte déposée par deux associations, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et Solidarité Chine, le juge avait estimé que le cas qui lui était soumis constituait « un débat de société intéressant » avant de mettre sa décision en délibéré au 9 avril. Manifestement, le magistrat a voulu prendre le temps de la réflexion et n’a rendu son jugement que douze jours plus tard. Celui-ci est sans équivoque : l’exposition doit cesser sous 24 heures, sous peine d’une astreinte de 20 000 euros par jour de retard. Plus encore, le juge demande la mise sous séquestre des 17 cadavres de Chinois, hommes et femmes, entiers ou disséqués, « aux fins de rechercher avec les autorités publiques françaises compétentes une solution conforme aux droits de l’inhumation ».
Manque de décence.
L’argument des organisateurs, qui soulignaient le caractère pédagogique et scientifique de l’exposition, a été rejeté par le TGI (tribunal de grande instance de Paris) : « La présentation des cadavres et organes met en uvre des découpages qui ne sont pas scientifiquement légitimes, des colorations arbitraires, des mises en scènes déréalisantes », qui « manifestement manquent de décence », note le jugement, en soulignant que « la visée pédagogique ne permet pas tout ».
À l’audience, l’avocat des associations, M e Richard Sédillot, avait invoqué l’article 16-1 du code civil, qui stipule que « le respect du corps humain ne cesse pas avec la mort » et que « les restes des personnes décédées (...) doivent être traités avec respect, dignité et décence ». Le juge des référés a rappelé aussi l’article 16-2 qui autorise « à prescrire toutes mesures propres à faire cesser une atteinte illicite au corps humain ».
Le jugement du TGI constitue « un précédent », a réagi Pierre Le Coz, professeur de philosophie à la faculté de médecine de Marseille et vice-président du comité consultatif d’éthique qui, dans les colonnes du « Quotidien », avait appelé le 16 février au boycott de ce type de manifestation. Selon lui, par cette décision, « la France fait passer un message symbolique fort » qui rappelle « qu’un cadavre n’est pas un spectacle, c’est une histoire ».
La société organisatrice Encore Events a décidé de faire appel. L’audience devrait avoir lieu dans les prochains jours.
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