LE QUOTIDIEN : Pourquoi cette remise en cause de l’obligation vaccinale ?
Pr DANIEL FLORET : Je crois qu’il y a là un vrai problème dans la mesure où nous sommes pratiquement le seul pays européen avec les Italiens - qui eux aussi d’ailleurs sont en train d’en revenir - à avoir des obligations vaccinales. Dans tous les pays industrialisés, cela n’existe pas. C’est quand même une exception culturelle française qui, par ailleurs, pose une série de problèmes.
Pourquoi, l’avis ne tranche-t-il pas ?
Ce genre de décision est une décision politique. Le Haut Conseil ne peut pas trancher. Ce qu’il dit, c’est que la situation actuelle n’est pas tenable. Soit il faut supprimer les obligations vaccinales et, dans ce cas, il faudra mettre en place une forte communication pour éviter une chute de la couverture vaccinale. Soit on maintient ces obligations, et là, il faudra revoir la liste des vaccins obligatoires et le statut de ceux qui ne le sont pas. Il n’est pas acceptable d’entendre qu’un vaccin qui n’est pas obligatoire est un vaccin facultatif, que l’on fait si on veut. Ce n’est pas du tout le sens des recommandations actuelles.
Une telle interprétation est-elle fréquente ?
C’est en tout cas, l’argument utilisé par ceux qui ne veulent pas se vacciner. Lorsqu’on a voulu inciter les gens à se faire vacciner afin d’augmenter la couverture vaccinale lors de l’épidémie de rougeole, nous nous sommes entendus dire que si ce vaccin était si important, il aurait été rendu obligatoire.
La deuxième partie de l’avis porte sur l’accès à la vaccination. Vous dites que le dispositif public est illisible, complexe et inégalitaire...
Actuellement, 85 % de la vaccination est réalisée dans le système libéral et, il nous semble, qu’il faudrait peut-être rééquilibrer les choses. Il faut que le système public soit plus actif et qu’il remplisse son rôle. Il faut qu’il fournisse gratuitement des vaccins inscrits au calendrier vaccinal de telle sorte que les gens qui vont dans les centres publics de vaccination puissent se faire vacciner sans aucun reste à charge. Si les centres de vaccination étaient groupés et avaient tous le même statut, ils pourraient acheter les vaccins grâce à un appel d’offres unique. Les vaccins seraient beaucoup moins chers. Actuellement les gros centres de vaccination, ceux qui ont un débit important, ont des prix intéressants et les petits centres ont des prix assez élevés.
Ne craignez-vous pas la réticence des médecins libéraux ?
Le problème est de faire en sorte que tout le monde puisse avoir accès à la vaccination indépendamment des ressources financières. Ceux qui ont des ressources limitées et doivent avancer le prix du vaccin, ne se font pas vacciner. On ne veut pas faire la guerre au système libéral mais on veut faire en sorte que le système public joue son rôle et notamment joue son rôle vis-à-vis des populations défavorisées.
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