LE QUOTIDIEN : Quelles sont les qualités requises pour devenir un bon urgentiste ?
Dr MATHIEU DOUKHAN : Au-delà des qualités techniques indispensables pour sauver des vies, un bon esprit de synthèse et un goût aigu pour l’organisation sont deux qualités indispensables pour mettre les pieds dans un service d’urgence. Chaque jour, il faut gérer l’improbable, être capable de travailler en réseau et garder son calme en toutes circonstances. Comme les architectes et les ingénieurs, nous avons cet indéniable côté chef d’équipe.
À quels changements s’attendre dans les années qui viennent ?
Il faut casser les a priori, les urgentistes ne sont pas ceux qui ont loupé l’internat qui veulent à tout prix rester à l’hôpital. Notre motivation et notre place à l’hôpital ne font plus l’ombre d’un doute, même s’il faut encore se battre pour devenir une spécialité à part entière. Nous détenons un savoir qui intéresse nos confrères et parmi les jeunes médecins à l’hôpital, il n’est plus rare de passer un coup de fil au médecin des urgences pour recueillir son avis. On reçoit des appels de jeunes collègues qui nous demandent conseil dans certaines situations. C’est intéressant, gratifiant et c’est une relation qui s’installe tout doucement.
Que souhaitez-vous faire par la suite ?
Le respect désormais possible de la vie privée est un garde-fou. Depuis janvier on ne travaille plus 48 heures payées 39. Ces heures en plus sont épuisantes et nous avons aujourd’hui la possibilité d’être un peu moins l’hôpital et donc un peu plus avec nos enfants. Je ne pense pas forcément rester à Tourcoing mais l’important pour moi est de garder du temps libre pour de la formation et former les autres. Alors urgentiste à vie oui, si on est plus nombreux.
Dr Mathieu Doukhan, « "Papa ! Pourquoi tu dors encore à l’hôpital ?" – Chroniques d’un jeune urgentiste », éditions de l’opportun, 15 euros
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