Dysplasie de moyen grade du col utérin : vers une surveillance active plutôt qu’une intervention, suggère une étude

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Publié le 28/02/2018

Une méta-analyse parue dans le « BMJ » montre une progression limitée des dysplasies de moyen grade (CIN2) dans le cancer du col de l’utérus et suggère donc une surveillance active de ces lésions plutôt qu’une intervention immédiate. Ces résultats doivent cependant être interprétés avec prudence.

« La conisation n’est pas un acte sans conséquence : le col devient plus petit, plus raccourci et plus ouvert, et le taux de fausse-couche précoce est plus élevé par la suite, nécessitant une surveillance accrue pendant les premiers mois de la grossesse », rappelle le Dr Nasrine Callet, gynécologue-oncologue à l’Institut Curie, qui a décrypté cette étude pour « le Quotidien ». « D’un autre côté, la surveillance implique aussi des contraintes et il n’est pas toujours drôle de faire une colposcopie tous les 3-4 mois. » D’où l’intérêt de bien savoir quand il est nécessaire d’opérer.

La méta-analyse britannique a pris en compte 36 études impliquant 3 160 femmes (dont 1 069 de moins de 30 ans) présentant un CIN2 confirmé histologiquement. Les auteurs ont évalué les taux de régression, de persistance et de progression des CIN2 non traitées, ainsi que l’observance quant à la surveillance.

Après deux ans, ils constatent que 50 % de ces lésions de moyen grade avaient régressé spontanément, que 32 % avaient persisté et que 18 % avaient progressé vers un stade CIN3 (dysplasie de haut grade). Ces chiffres étaient encore plus parlants chez les femmes jeunes, puisque pour les moins de 30 ans, ils étaient respectivement de 60 %, 23 % et 11 %. Les auteurs ont aussi noté 15 cas de cancers (sur les 3 160 femmes, soit 0,5 %). L’observance était quant à elle très élevée (90 %). Les auteurs estiment que leurs « résultats montrent que la surveillance active est justifiée chez les femmes avec CIN2, surtout si elles sont jeunes et que la probabilité qu’elles suivent correctement la surveillance est élevée ».

Les limites de l’étude

Les auteurs soulignent les limites de leur analyse, pointant l’hétérogénéité des études, et la possible mauvaise classification des lésions. Un éditorial paru dans le même numéro du « BMJ » précise que les taux de régression des CIN2 sont rassurants et que « même si cette méta-analyse n’a pas toutes les réponses, elle fournit la meilleure information, à l’heure actuelle, sur la probabilité de régression ou de progression des lésions après un diagnostic de CIN2 ». L’auteur de l’éditorial ajoute cependant que les résultats « doivent être présentés de façon claire, avec une information sur les effets de la surveillance et du traitement, pour que les femmes puissent faire des choix éclairés ».

Le Dr Callet partage ces réserves : « Les lésions peuvent régresser, mais sous réserve que la zone de jonction au niveau du col soit bien observée et que la biopsie soit effectuée correctement », car un risque existe de manquer un CIN3.


Source : lequotidiendumedecin.fr