LE QUOTIDIEN : Parmi les propositions présentées en décembre 2017 lors des 37es journées de l'HTA, la SFHTA appelait à davantage d'études épidémiologiques sur l'HTA en France. Quelle est votre réaction suite aux résultats d'ESTEBAN dans le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » (« BEH ») ?
Dr THIERRY DENOLLE : On a eu raison de se mettre en marche dès juin 2017 et de faire nos propositions. Plusieurs clignotants étaient au rouge, et l'étude ESTEBAN en est une preuve supplémentaire. La prise en charge de l'HTA se banalise et se détériore en France. L'étude Flash réalisée par le comité de lutte contre l'HTA montrait déjà que le pourcentage de patients traités et équilibrés ne s'améliorait pas, voire régressait. L'étude ESTEBAN montre la même chose et permet de se comparer aux autres pays.
Il est nécessaire d'alerter les autorités de santé. En septembre dernier, la caisse nationale d'Assurance Maladie (CNAM) se réjouissait d'une baisse des dépenses pour traitements antilipidiques et antiHTA, alors que dans le même temps elle constatait une augmentation des dépenses pour pathologies cardiovasculaires.
Les résultats publiés dans le « BEH » vous ont-ils néanmoins surpris ?
Les résultats différenciés hommes/femmes, on ne s'y attendait pas et c'est un point très intéressant. Ces données renforcent la position du Pr Claire Mounier-Véhier, présidente de la Fédération Française de Cardiologie, qui milite depuis des années pour la prise en charge du cœur des femmes. Les pathologies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez la femme, alors que c'est le cancer chez les hommes. Il ne faut pas l'oublier.
Lors de la présentation de ses propositions, la SFHTA avait annoncé préparer un plan d'actions auprès des autorités sanitaires. Où en êtes-vous ?
Nous avons contacté la CNAM, la Haute Autorité de santé (HAS), la Direction générale de la santé (DGS), les sociétés savantes partenaires de néphrologie et de cardiologie et le Conseil de l'Ordre des médecins. La SFHTA essaie de faire avancer certains sujets importants, comme la trithérapie fixe, en collaboration avec la CNAM et la HAS. On en est encore qu'au tout début. Si la suppression de l'ALD a dû jouer un rôle dans la dégradation de la prise en charge, on n'en a pas la preuve factuelle. Un travail est en cours avec la CNAM pour mesurer l'impact de cette mesure sur la prise en charge. L'HTA est banalisée en n'étant considérée que comme un facteur de risque, mais l'HTA est un tueur, une véritable maladie, nous l'avons oublié !
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