Rupture d’approvisionnement en antirétroviraux

Les associations mettent en place un observatoire

Publié le 03/06/2010
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« DANS LE CADRE de l’Observatoire des ruptures d’approvisionnement des pharmacies en antirétroviraux, le TRT-5 appelle toutes les personnes touchées à témoigner. Parce que ces situations inadmissibles n’ont pas lieu d’être. » Le collectif d’associations de lutte contre le VIH/sida vient de lancer un dispositif de recueil de données disponible en version électronique, sur son site (www.trt-5.org), et en version papier, dans les locaux des associations membres. Régulièrement alerté par des personnes vivant avec le VIH qui ne peuvent se procurer leur traitement antirétroviral dans certaines pharmacies, le collectif se dit inquiet. « Le signalement de ces incidents est en augmentation ces deux dernières années », assure-t-il.

Le plus souvent en été.

En février dernier, pour mieux comprendre ces dysfonctionnements, le collectif décidait de s’organiser et lançait un Observatoire sur les ruptures d’antirétroviraux. Ce dispositif, élargi aujourd’hui, a déjà livré ses premières informations. Plusieurs ARV sont concernés : Truvada, Kaletra, Norvir, Reyataz, Combivir et Prézista. « Les incidents ont lieu le plus souvent durant l’été. Ils se produisent dans les pharmacies de ville mais également dans les pharmacies hospitalières, à Paris, comme en région », précise le collectif. Ces ruptures ont occasionné des interruptions de traitement allant jusqu’à deux jours, un arrêt ponctuel du traitement qui peut avoir « des conséquences graves sur son efficacité », souligne-t-il.

Au vu de ces résultats, encore parcellaires, les associations estiment que l’origine des ruptures est « essentiellement liée à un problème concernant les grossistes ». Les grossistes répartiteurs achètent, gèrent, stockent et mettent à disposition les médicaments auprès des pharmacies hospitalières et des officines. Quatre groupes existent en France, OCP (Office commercial pharmaceutique), Alliance Healthcare, CERP réseau et Phenix Pharma qui, chacun, gère, un territoire donné. Certains ne seraient pas toujours en mesure de livrer leurs clients pharmaciens. D’autres raisons sont évoquées, comme « l’absence de stocks dans les pharmacies en raison du coût très élevé des traitements ».

En décembre 2009, le laboratoire Janssen-Cilag annonçait, en accord avec l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) des difficultés d’approvisionnement de son inhibiteur de protéase, Prézista ; médecins et pharmaciens en avaient été informés et un numéro vert avait été mis en place. Les associations souhaiteraient la mise en place dans tous les laboratoires d’une telle procédure d’urgence. Le laboratoire Abbott (Kaletra et Norvir) a mis en place un numéro Vert.

Soignants et pharmaciens.

En principe, les médicaments faisant l’objet de difficultés d’approvisionnement ou à risque de rupture de stock sont signalés à l’Afssaps qui diffuse l’information. Toutefois les signalements qui parviennent à l’agence « ne reflètent pas systématiquement la réalité des ruptures en pharmacies auxquelles sont confrontées les personnes séropositives et dont sont informées les associations », expliquent les associations. Elles espèrent, par le biais du recueil de données mises en place, être aussi un relais d’information pour l’Afssaps afin d’agir au plus vite « même en cas de rupture isolée et même si cela ne concerne que 2 ou 3 personnes, explique Fabrice Pilorgé d’Aides. Jusqu’ici,les personnes se débrouillaient mais ce n’est pas satisfaisant. L’accès au traitement est un droit. » Le collectif espère que le recueil de données mis en place d’abord en interne, soit largement diffusé. Le questionnaire peut être rempli par le patient concerné par la rupture d’ARV, un proche, une association qui le reçoit, un professionnel, soignant, médecin ou pharmacien.

L’objectif est de récolter le maximum d’informations et de témoignages, d’analyser les réponses et « d’interpeller les services et institutions concernées afin qu’ils mettent en place des interventions ciblées », conclut le TRT-5.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8783