Mucoviscidose : le Kaftrio pourrait être efficace pour près de la moitié des patients sans mutation F508del

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Publié le 31/03/2023
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Crédit photo : Phanie

Le Kaftrio (élexacaftor/tezacaftor/ivacaftor), indiqué en association au Kalydeco (ivacaftor) dans la mucoviscidose chez les patients âgés de 6 ans et plus (et non plus 12 depuis janvier) porteurs d'au moins une mutation F508del du gène CFTR, semble être bénéfique pour près de la moitié des patients non porteurs de la mutation.

Ce sont les résultats d'une étude AP-HP/Inserm/Université Paris Cité menés d'après une cohorte issue du programme d'accès compassionnel ouvert en France en mai 2022 par l'Agence du médicament (ANSM). Ce travail, coordonné par le Pr Pierre-Régis Burgel du centre de référence maladies rares de la mucoviscidose de l'hôpital Cochin-Port-Royal (AP-HP) et financé par l'association Vaincre la mucoviscidose, la filière Muco-CFTR et la Société française de la mucoviscidose, a été publié dans la revue « European Respiratory Journal ».

Le médicament, qui a révolutionné la prise en charge de la maladie, permet de diminuer la toux et l'encombrement bronchique, d'améliorer la fonction pulmonaire et d'éviter les greffes chez les patients éligibles. Au printemps 2022, l'association Vaincre la mucoviscidose avait obtenu de l'agence sanitaire un accès compassionnel pour les patients non porteurs d'une mutation F508del, faisant valoir que l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du Kaftrio avait été étendue aux États-Unis puis en Grande-Bretagne à 177 mutations rares.

L'ANSM a ainsi rendu possible la prescription aux patients de plus de 12 ans « présentant une atteinte respiratoire sévère (VEMS < 40 % de la valeur prédite) ou un risque d’évolution vers une greffe pulmonaire ou un pronostic vital engagé à plus ou moins court terme ».

Ce sont ainsi 84 patients non porteurs de la mutation ayant une atteinte pulmonaire sévère (fonction respiratoire très abaissée et/ou évolution prévisible vers la nécessité d’une greffe pulmonaire) qui ont reçu la trithérapie. L'efficacité a été mesurée après 4-6 semaines de traitement sur les manifestations cliniques, la concentration de chlorures dans la sueur et l'évolutivité de la fonction respiratoire (VEMS).

Élargir quelle que soit la sévérité

La moitié des participants (45, soit 54 %) ont été considérés comme répondeurs avec une amélioration importante, dont la suspension de l'indication du recours à la greffe pulmonaire. Parmi les répondeurs, 22/45 (49 %) portaient un variant génétique du gène CFTR non présent sur la liste des 177 approuvés par les Anglo-Saxons.

« Ces données permettent d'envisager de traiter davantage de patients atteints d'autres formes de mucoviscidose », lit-on dans un communiqué de l'AP-HP. De son côté, Vaincre la mucoviscidose demande dans un communiqué « l'élargissement du cadre de prescription compassionnelle (CPC) aux patients âgés de six ans et plus, quelle que soit la sévérité de leur maladie ». L'association et le centre de référence maladies rares de la mucoviscidose indiquent avoir saisi l'ANSM en ce sens. Seuls les patients porteurs de mutations de type stop et/ou d'épissage sévère ne seraient pas éligibles, car « au regard de l'étude, (ils) ne sont pas répondeurs », l'association finançant des recherches pour cette population spécifique. La population concernée par l'élargissement du CPC serait de 587 patients, dont 300 pourraient être répondeurs.


Source : lequotidiendumedecin.fr