Un effet totalement nouveau via l'apport d'énergie au myocarde lésé

Une dose de HDL lors d'un infarctus protège le coeur

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Publié le 12/10/2017
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Crédit photo : PHANIE

Le HDL a plus d'un tour dans son sac. Bien connu pour être un facteur protecteur contre les maladies cardio-vasculaires, le HDL ne serait pas bénéfique pour le cœur qu'à travers le métabolisme des lipides… mais aussi celui des glucides.

Selon une étude publiée dans « Science Translational Medicine », le HDL est capable d'augmenter l'apport d'énergie au muscle cardiaque via la glycolyse. L'effet s'est révélé bénéfique en phase aiguë d'un infarctus du myocarde (IDM) chez la souris, avec des lésions de plus petite taille et une meilleure fonction cardiaque à 15 jours post IDM. 

C'est une fonction totalement inédite du HDL avec de nouvelles applications thérapeutiques possibles. Les thérapies HDL restent controversées pour l'instant. Les premières thérapies HDL, visant à augmenter l’HDL-cholestérol, se sont révélées décevantes en prévention cardio-vasculaire. D'autres approches pourraient être plus performantes en se concentrant non pas sur l’HDL-cholestérol mais sur la fonction du HDL, qui est de transporter du cholestérol. Des études cliniques sont en cours, notamment par une société biopharmaceutique française Cerenis.

La piste de la glycolyse dans l'IDM

En situation d'ischémie et lors de la reperfusion, la glycolyse joue un rôle de premier plan en apportant de l'énergie au myocarde. C'est une cible potentielle très intéressante pour préserver le myocarde, améliorer la récupération et ainsi enrichir l'arsenal thérapeutique disponible dans la prise en charge de l'IDM.

Pour les auteurs, « de telles approches seraient particulièrement pertinentes chez des individus ayant un diabète de type 2 où l'insulinorésistance cardiaque perturbe davantage encore l'apport de glucose et la glycolyse, contribuant à un moins bon pronostic après syndrome coronaire aigu ».

Forte de résultats précédents sur le rôle régulateur du HDL dans la glycolyse au niveau du muscle squelettique, l'équipe dirigée par Bronwyn Kingwell de l'institut Baker Heart and Diabetes à Melbourne a voulu tester s'il en était de même pour le muscle cardiaque. 

Meilleure récupération

Les chercheurs ont testé l'effet d'une injection de HDL reconstitué chez des souris en situation d'infarctus provoqué chirurgicalement par thoracotomie. Une ligature d'une artère coronaire était maintenue pendant 30 minutes puis libérée pour laisser place à la reperfusion. Le groupe de souris témoins était opéré de la même manière mais sans occlusion coronarienne. L'injection unique de HDL était réalisée lors de la reperfusion. 

Alors que les souris ayant reçu du HDL après IDM consommaient plus de glucose que les animaux non traités, les observations à 15 jours ont confirmé des bénéfices sur le muscle cardiaque. Pour confirmer que ces effets positifs étaient bien dus à la glycolyse, les chercheurs ont mené des travaux pour mieux décrire le mécanisme mis en œuvre. Leurs expérimentations ont mis en évidence des effets directs du HDL sur l'apport de glucose au cardiomyocyte, la glycolyse, via la signalisation Akt, dans les 15 minutes de la reperfusion.

Observation très importante, le HDL s'est révélé aussi bénéfique chez les souris suralimentées et insulinorésistantes. Pour les auteurs, ces résultats suggèrent de tester l'administration d'injection de HDL dans la prise en charge du post infarctus immédiat pour préserver la fonction cardiaque. Cette approche pourrait, selon eux, être particulièrement pertinente chez les sujets diabétiques de type 2. 

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin: 9609