Pollution et santé

Alerte à l’ozone pour les poumons

Publié le 12/03/2009
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EN HABITANT une métropole surpolluée, on aurait plus de risque de mourir de cause cardiopulmonaire, selon une équipe de l’université de Californie. Si ce constat n’a pas de quoi surprendre, il est en revanche beaucoup plus étonnant que la pollution spécifique à l’ozone ne semble augmenter que la mortalité de cause respiratoire et non celle de cause cardio-vasculaire. C’est pourtant bien le deuxième constat que Michæl Jerrett et ses collègues ont tiré de leurs analyses. Si les effets néfastes de la pollution sur la santé sont connus depuis longtemps, on en savait peu de manière spécifique sur l’exposition prolongée à l’ozone.

La construction de l’étude s’est fondée sur la corrélation des données d’une cohorte de l’American Cancer Society Cancer Prevention Study II, suivie pendant dix-huit ans avec les mesures de l’air environnant de 96 métropoles des États-Unis de 1977 à 2000. Parmi la population de 448 850 sujets sélectionnés, 118 777 décès ont été enregistrés. Le niveau de pollution était mesuré, d’une part, par la concentration journalière en ozone et, d’autre part, par celle en fines particules de matière, de diamètre < 2,5 µm. Les auteurs ont ainsi évalué l’effet sur la mortalité cardiopulmonaire, soit de l’ozone seul, soit des fines particules, soit des deux conjugués.

À chaque palier de 10 ppb.

Pour chaque augmentation de 10 ppb d’exposition à l’ozone, la mortalité de cause respiratoire augmentait de 2,9 %. Le risque relatif estimé pour chaque palier était de 1,040 (IC 95 %, 1.010 à 1.067), y compris après ajustement sur facteurs confondants. Si l’association semble modérée, les auteurs soulignent que le risque de décès de cause respiratoire dans les zones les plus polluées est près de trois fois celui des endroits les plus « sains ». Le polluant pourrait agir au niveau de l’inflammation de l’arbre bronchique et altérer les échanges gazeux. De fortes concentrations en ozone sont en effet associées à une augmentation des crises d’asthme, des insuffisances respiratoires et des hospitalisations en pneumologie.

Seule la concentration en fines particules semble avoir une influence sur la mortalité cardio-vasculaire. En effet, le risque de ces décès associé à l’ozone était estimé à moins de 1.0, ce qui suggérerait même un effet protecteur très peu vraisemblable. Si les deux facteurs présentaient une évolution collinéaire, les résultats pour l’ozone étaient très différents après ajustement sur les fines particules. Comme il existe de grandes variations des concentrations en ozone au sein d’une même ville selon les quartiers, par exemple aux alentours des grands axes routiers, il y aurait davantage d’erreurs de mesure avec ce polluant qu’avec les fines particules, dont les taux sont plus stables. De plus, alors que pour l’ozone les mesures ont été réalisées sur la période allant de 1977 à 2000, pour les fines particules les données n’étaient disponibles qu’à partir de 1999, ce qui a pu fausser les estimations.

N Engl J Med, 360 ; 11, 1 085-95.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr