Médecine de la danse

Apprendre à soigner le danseur

Publié le 04/07/2011
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SAVEZ-VOUS « interpréter l’instrument du danseur » ? Non ? Et bien, c’est ce que propose l’ADMR (Association danse, médecine, recherche) du 14 au 17 juillet lors d’un stage de quelques jours à l’école supérieure de danse de Cannes Rosella Hightower. Peter Lewton-Brain, danseur et ostéopathe, qui dirige l’ADMR (« le Quotidien » du 13 avril 2010), s’emploie à réconcilier danseurs et médecins. Si tant est qu’ils soient fâchés ; tout du moins se font-ils peur mutuellement, estime-t-il. « Il existe une peur mythique du médecin, qui est souvent perçu par le danseur comme son oppresseur, en tout cas son frein. C’est celui qui lui interdit de danser pendant le temps de son rétablissement. Ainsi ne lui dit-il souvent pas toute la vérité. À l’inverse, chaque mot du médecin pèse lourd pour le danseur. Nous voulons donc aider les médecins à mieux connaître le langage du danseur, tout comme l’ambiance d’un studio de danse. »

Sensations et réalité.

De fait, les matinées se passeront à la barre (classique). Le stage mêle en effet cours théoriques et mise en pratique immédiate lors de « coachings anatomiques » au cours desquels les participants apprendront notamment les bilans physiques : rotation externe des membres inférieurs (chevilles, torsions tibiales), flexions, paramètres de force et mobilité. « Un médecin ne sait peut-être pas qu’un danseur doit être capable de sauter sur le même pied dix fois de suite », indique Peter Lewton. Sera ensuite proposée l’observation de cours de danse classique de haut niveau. De très haut niveau, insiste le Dr Audrey Lucero, médecin du sport et traumatologue, qui a participé à la première édition du stage en 2009 et fait partie cette année des intervenants. « Ces coaches anatomiques sont très novateurs, raconte-t-elle. Nous accomplissons entre autres des exercices de placement corporel, qui s’intègre dans un mouvement dansé. Peter met par exemple en évidence qu’un mouvement peut provenir de différents chemins et qu’il convient d’emprunter celui qui est le moins nocif et le plus performant pour obtenir un gain d’amplitude. » Dans la région de Bordeaux, elle tente justement de développer cette démarche qui consiste à considérer la médecine de la danse comme spécialité à part entière. « Cette médecine peut se nourrir de plusieurs autres disciplines : la médecine du sport, l’ostéopathie… mais tout en prenant bien en compte les spécificités liées au fait que la danse est un art mais aussi aux contraintes techniques et physiques subies par le corps du danseur. »

La jeune médecin entend proposer une réflexion sur la possibilité de mettre en place un suivi du danseur confirmé, pour le soutenir tant au présent qu’au futur à travers dépistage et prévention. « Le point de départ de cette réflexion se cale sur le suivi longitudinal des sportifs de haut niveau, lequel est une obligation prise en charge par le ministère de la Santé et des sports. Sans imposer un caractère obligatoire à ce suivi, il serait bon au moins de l’intégrer dans les conservatoires nationaux et les compagnies aidées par le ministère de la culture. » Le dialogue entre thérapeutes et danseurs, professeurs de danse, directeurs de compagnies pourra alors prendre un sens très concret à l’occasion de la rencontre de Cannes. Peter Lewton-Brain nourrit quant à lui l’ambition romantique de parvenir au « mariage entre les sensations et la réalité ». « L’un connaît parfaitement les sensations du corps (le danseur), l’autre la physiologie (le soignant). ».

Pendant la durée du stage, les stagiaires auront la possibilité d’assister ou de participer aux cours de danse du stage international de l’école Rosella Hightower, qui inclut la formation danse et médecine. Jazz, contemporain et classique. Blouses blanches au vestiaire. À vos tutus !

ADMR : www.admrdanse.com. Informations sur le stage : www.cannesdance.com.

AUDREY BUSSIÈRE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8993