« Blocage sanitaire », déconventionnement, comités de défense : parfum de révolte médicale contre la loi Touraine

Publié le 14/04/2015

Crédit photo : S TOUBON

Plusieurs organisations de médecins libéraux ont annoncé ce mardi préparer un « blocage sanitaire » national dans les prochaines semaines pour contester le projet de loi de santé.

Réunis dans une tente place Édouard Herriot à Paris, au pied de l’Assemblée nationale (qui devait adopter le texte quelques heures plus tard), les représentants de trois syndicats (Le BLOC, SML, FMF) mais aussi une trentaine de praticiens de l’Union française pour une médecine libre (UFML) et du mouvement pour la santé de tous (MPST), étaient présents à ce rassemblement symbolique pour dénoncer une réforme qui menace de « détruire la médecine libérale ».

Réclamant toujours le retrait de la loi, ils ont condamné plusieurs dispositions jugées néfastes comme les nouvelles modalités du don d’organes, le tiers payant généralisé qui ne garantit toujours pas à leurs yeux un règlement sécurisé en un seul flux par l’assurance-maladie, ou encore l’ouverture des données de santé qui met en danger selon eux le secret médical.

Désobéissance civile

« La loi a été durcie, elle a été réalisée contre les médecins, ils sont en colère, a entamé le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML. Si la loi passe, il y aura un appel à la désobéissance ».

Selon le Dr Jean-Paul Hamon (FMF), des comités de professionnels en colère ont commencé à se constituer en région, et certaines coordinations de médecins, fondées lors du conflit du début des années 2000, en Bretagne ou en Basse-Normandie, ont été réactivées. « Des comités de défense des territoires se sont créés pour empêcher la loi d’entrer en application chez eux », ajoute le Dr Éric Henry, président du SML.

L’UFML et les syndicats Le BLOC, FMF et SML devraient préciser dans les prochaines semaines comment ils entendent procéder à un « blocage sanitaire » du pays, sans doute au moment où le projet de loi sera débattu au Sénat. « Un arrêt complet d’activité sans régulation ni permanence des soins est programmé », prévient un leader. La radicalisation semble ainsi gagner le corps médical, au moins dans le discours.

La tentation de la sortie de la convention

« De très nombreux médecins généralistes, spécialistes et des plateaux techniques lourds proches de l’âge de la retraite préparent leur déconventionnement et sont déterminés à sortir de l’assurance-maladie », affirme le Dr Didier Legeais, responsable du BLOC et du MPST. Cette arme souvent brandie a rarement été utilisée car elle pénalise considérablement le remboursement des patients*. En 2002 toutefois, quelques centaines de médecins s’étaient déconventionnés en Mayenne et dans le Calvados lors du conflit avec l’assurance-maladie sur les gardes et les tarifs.

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Présent à ce rassemblement, le Dr Christian Lehmann, célèbre médecin blogueur, très remonté contre le projet de loi de santé, a amusé l’assistance en distribuant le certificat de décès du tiers payant généralisé (jugé inapplicable), « mort-né » le 9 avril à l’Assemblée nationale.

Christophe Gattuso 

* En se retirant du cadre conventionnel, un médecin peut fixer librement ses honoraires mais il renonce à son régime fiscal et à la prise en charge d’une partie de ses cotisations sociales par les caisses. Le remboursement de ses patients par l’assurance-maladie se fait alors sur la base de « tarifs d’autorité » (moins d’un euro pour la consultation d’un généraliste).

Source : lequotidiendumedecin.fr