Infarctus du myocarde

Campagne pour informer le grand public

Publié le 21/01/2011
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L’infarctus touche environ 100 000 personnes chaque année et est à l’origine de 65 000 à 70.000 hospitalisations, rappell le Dr Michel Hanssen (président du Collège national des cardiologues des hôpitaux généraux). Même si des progrès considérables ont été accomplis, 7 % des patients pris en charge décèdent dans le premier mois et 14 % au cours de la première année, soit un décès toutes les 40 minutes.

Beaucoup de progrès restent donc à accomplir, à commencer pour la prévention primaire. L’hypercholestérolémie est ignorée par la moitié des patients qui en présente une et l’HTA est méconnue 4 fois sur 10, souligne le Dr Patrick Goldstein (Société française de médecine d’urgence). Même insuffisance pour la prise en charge de la phase aiguë : seul un malade sur 4 présentant un infarctus qui nécessite une reperfusion, bénéficie d’un parcours optimal. La seule solution étant l’appel du 15, directement, sans délai ( la mortalité étant de 4,2 % dans ce cas contre 9,7 % si 3 acteurs ou plus sont intervenus avant l’admission à l’hôpital). Le post-infarctus est la dernière source d’amélioration, quand on constate que seulement 4 patients sur 10 bénéficient de la prise en charge médicamenteuse optimale pour prévenir une récidive ( le risque étant de 18% dans les quatre ans qui suivent un événement).

Jusqu’au déni.

Une triple enquête réalisée par IPSOS pour le compte d’Astra Zeneca en 2010 ( 6 621 français de plus de 25 ans, 1 102 généralistes et 301 cardiologues) permet de comprendre ces insuffisances, explique le Pr Albert Alain Hagège ( vice-président de la Société française de cardiologie). Il y a tout d’abord un sentiment de manque d’information, reconnu par un Français sur 2 et confirmé par 40 % des praticiens.

Plusieurs exemples illustrent cette méconnaissance : 45 % seulement des Français évoquent la douleur dans la poitrine comme le principal signe d’alerte. Si la notion d’urgence est majoritairement admise, une proportion encore plus faible, 30 %, citent le 15 (et 12 % les pompiers). Des résultats nettement améliorés en réponse assistée, ce qui ne doit pas cacher un grand besoin d’information : 23 % des personnes interrogées considèrent que les fumeurs ne sont pas plus touchés que les autres, 50 % ignorent que les douleurs digestives peuvent cacher un infarctus et 21 % pensent qu’il n’est pas nécessaire de prendre de traitement à vis après un infarctus !

Pourtant l’infarctus est une maladie qui fait peur (74 % des répondants) et qui est considérée comme grave (74 %). Autre fait positif, les médecins qui relativisent la gravité des maladies par rapport au grand public, ne le font pas pour l’infarctus et pour le diabète. Qu’il s’agisse d’une démarche rationnelle ou d’un réflexe émotionnel, les Français sont avides d’information sur l’infarctus. Mais un tiers d’entre eux et des généralistes (et même 49 % des cardiologues) privilégient le déni, se sentant personnellement protégés.

Trois messages.

Partant de ce constat, la campagne « Infarctus : une question de vie »** est organisée par tous les partenaires jusqu’au mois d’avril, en visant les professionnels de santé comme le grand public, et en utilisant tous les types de médias (brochure pour les médecins, insertions dans la presse médicale et sites Web spécialisés, magazine et site Internet pour le grand public, affichage urbain, campagnes médias grand public).

Dans toutes ces circonstances, conclut Jean-Yves Mairé (directeur de la communication Astra-Zeneca), trois messages seront délivrés, portant sur la prévention (1 maladie fréquente responsable de plus de 1 décès sur 4), sur la phase aiguë (1 maladie grave avec un décès toutes les 40 minutes) et sur le post-infarctus (après un infarctus, près d’une personne sur 7 décède dans l’année).

* Collège national des cardiologues français, Collège national des cardiologues des hôpitaux généraux, Fédération française de cardiologie, SAMU Urgences de France, Société française de cardiologie, Société française de médecine d’urgence.

** infarctus-info.org.

Dr ALAIN MARIÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 8890