Climat et santé : les enfants, principales victimes d'El Niño, selon l'UNICEF

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Publié le 08/07/2016
réchauffement climatique

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Crédit photo : Phanie

El Niño, en espagnol, désigne l'enfant Jésus. Un nom attribué, par extension au réchauffement accentué des eaux de surface près des côtes de l'Amérique du Sud qui se produit chaque année au moment de Noël. Ce phénomène océanique à grande échelle, et son inverse, La Niña, affectent le régime des vents, la température de la mer et les précipitations, et de fait la santé des populations. L'épisode 2015-2016, a entraîné la hausse des températures mondiales la plus élevée depuis plus de 130 ans. Il a été particulièrement dévastateur sur la situation des enfants, alerte l'UNICEF dans un rapport intitulé « Ce n’est pas fini - Les conséquences d'El Niño pour les enfants ». Ce dernier cycle, qui a commencé en mars 2015, a frappé 20 pays, certains parmi les plus pauvres du monde avec « une progression continue de la faim, de la malnutrition et des maladies, conséquence des graves sécheresses et inondations qu’il a provoquées au cours d’une année où il s’est manifesté sous une des formes les plus puissantes enregistrées jusqu’ici », souligne l'UNICEF.

25 millions d'enfants touchés, un million en malnutrition aiguë

Le phénomène a notamment provoqué une grave sécheresse en Afrique. « 26,5 millions d’enfants d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, les régions les plus touchées, ont besoin d’une assistance, qui prend la forme pour plus d’un million d’entre eux d’un traitement contre la malnutrition aiguë sévère. Ces chiffres alarmants pourraient même continuer à grimper en raison des sécheresses et des maladies engendrées par ce phénomène climatique spectaculaire », avertit le rapport. En outre, il y a de fortes chances, selon les climatologues, que La Niña encore attendue cette année ait aussi un fort impact, « exacerbant encore la sévère crise humanitaire qui touche des millions d’enfants dans certaines des communautés les plus vulnérables », insiste le document.

Dengue, choléra, Zika, fièvre jaune, chikungunya, VIH

Dans de nombreux pays, El Niño a entravé l’accès à une eau salubre et un lien peut être établi avec l'accélération de la propagation de maladies comme la dengue, la diarrhée et le choléra, les maladies les plus meurtrières pour les enfants. En Amérique du Sud, en particulier au Brésil, El Niño a créé des conditions favorables à la multiplication des moustiques susceptibles de transmettre Zika, dengue, fièvre jaune et chikungunya. Si La Niña finissait par se développer, cela pourrait contribuer à la propagation du virus Zika dans des zones qui n’avaient pas été touchées jusqu’ici.

L’UNICEF signale également que de sérieuses préoccupations existent pour que l'Afrique du Sud, épicentre mondial de la pandémie de sida, voit une multiplication des cas de transmission du VIH en conséquence des effets d'El Niño. Le manque de nourriture a un effet négatif sur l’usage de la thérapie antirétrovirale, car les patients ont tendance à ne pas prendre leurs médicaments quand ils ont l’estomac vide, et de nombreux malades préfèrent utiliser leurs ressources limitées pour se nourrir plutôt que pour se rendre dans un dispensaire. La sécheresse peut aussi forcer les adolescentes et les femmes à avoir des relations sexuelles transactionnelles pour survivre. En outre, la mortalité des enfants vivant avec le VIH est de deux à six fois supérieure pour ceux qui sont atteints de malnutrition sévère, par comparaison avec ceux qui ne le sont pas.

Des enfants sur la ligne de front des changements climatiques

« Des millions d’enfants et leurs communautés ont besoin de soutien pour survivre. Ils ont besoin d’aide pour se préparer à l’éventualité que La Niña exacerbe la crise humanitaire qu’ils subissent. Et ils ont également besoin d’aide pour améliorer leurs mesures de réduction des risques de catastrophes naturelles, ainsi que leurs moyens d’adaptation aux changements climatiques, qui sont la cause de phénomènes météorologiques de plus en plus intenses et de plus en plus fréquents », déclare Afshan Khan, la directrice des programmes d'urgence à l'UNICEF. « Ce sont les mêmes enfants qui sont victimes d'El Niño et menacés par La Niña qui se trouvent sur la ligne de front des changements climatiques. »

Betty Mamane

Source : lequotidiendumedecin.fr