Covid-19 : après un passage en soins critiques, un taux de mortalité plus faible que pour les malades de la grippe

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Publié le 07/12/2022

Crédit photo : S.Toubon

Que sont devenus les patients atteints du Covid qui ont dû être hospitalisés en soins critiques ? Leur mortalité est-elle importante ? Leurs séquelles, lourdes ? Une nouvelle étude publiée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) met en lumière le devenir des près de 80 000 patients sortis en vie des soins critiques entre le 1er mars 2020 et le 30 juin 2021 (sur 106 000 personnes admises en soins critiques au cours des trois premières vagues de Covid). Et le compare avec les trajectoires des patients atteints de grippe.

Un patient Covid sur sept admis en SSR, trois fois plus que pour la grippe

Si la majorité (84 %) des patients est rentrée à domicile, 1 % a été suivi en hospitalisation à domicile (HAD) et surtout, 15 % (soit un patient sur sept) ont été transférés en soins de suite et de réadaptation (SSR), notamment les plus âgés (21 % des plus de 70 ans versus 5 % des moins de 40 ans), ceux ayant nécessité une ventilation mécanique invasive (31 % d'entre eux), ceux souffrant de comorbidités préexistantes (pas trop lourdes, néanmoins) ou ceux hospitalisés longtemps. Des taux trois à quatre fois supérieurs à ceux des patients atteints de grippe (selon des données courant entre 2014 et 2019).

« Le besoin de rééducation – notamment de réhabilitation respiratoire – pourrait être plus important du fait de durées de séjour en moyenne plus longues chez les patients admis en soins critiques pour Covid-19 par rapport à ceux admis pour grippe », lit-on.

La raison principale d'un transfert en SSR est une atteinte respiratoire, dans 40 % des cas, et une atteinte neurologique dans 17 % des cas (dont un tiers lié à des neuropathies de réanimation). Les patients y restent en moyenne 27 jours, voire 36 en cas de motif neurologique - versus 12 jours pour des patients hospitalisés pour grippe.

Une faible mortalité pour les sortants de soins critiques

Le taux de mortalité des patients sortis vivants de soins critiques un an après est faible (7 %) et inférieur à celui de ceux atteints de la grippe. Le risque de mourir est surtout présent les 50 jours suivant la sortie de l'hôpital, et diminue par la suite.

Ce taux de mortalité est même encore plus faible (5 %) chez les patients qui ont eu besoin d'une ventilation mécanique invasive. « Même si le recours à cette ventilation témoigne d’une atteinte respiratoire sévère, il est aussi le reflet des chances de survie à la réanimation. Ainsi, un patient âgé avec de multiples maladies chroniques, dont les chances de survie sont plus faibles que chez un patient en meilleure santé, a une probabilité plus faible d’être mis sous ventilation mécanique invasive », expliquent les auteurs.

Malgré cette faible mortalité chez les sortants de réanimation, la mortalité totale des patients de Covid est quasi semblable à celle de la grippe (autour de 31 %), car elle est plus forte à l'intérieur de l'hôpital pour les patients Covid.

Consultations de pneumologues et dialyse

Une fois sortis des soins critiques, voire des SSR, les patients Covid n'en ont pas fini avec les soins. Près d'un patient sur quatre consulte un pneumologue dans l’année suivant sa sortie, alors que la majorité (huit patients sur dix admis en réa) ne présentait pas d'antécédent de maladie pulmonaire chronique. Un peu plus de 1 % a été de nouveau hospitalisé avec un nouveau diagnostic d’insuffisance respiratoire chronique ou d’emphysème pulmonaire. Parmi les patients ayant nécessité une ventilation mécanique invasive pendant l’hospitalisation, ces proportions s’élèvent respectivement à 36 % et 2 %. À titre de comparaison, les patients avec grippe ont dû être cinq fois plus hospitalisés que les patients atteints de Covid, même s'ils sont un peu moins à avoir dû consulter un pneumologue.

Les patients ayant nécessité un recours à la dialyse pendant l’hospitalisation et sortis vivants (encore une fois, une majorité - 64 % - n'avait jamais eu de problème rénal) ont dû consulter un néphrologue, pour 19 % d'entre eux ; 13 % ont été de nouveau hospitalisés avec un nouveau diagnostic de maladie rénale chronique et 4 % ont nécessité des séances régulières de dialyse. Des taux cette fois supérieurs aux patients atteints de grippe (seulement 7 % ont eu une consultation de néphrologie en ville).

Enfin, parmi les patients ne présentant pas d’antécédent psychiatrique lors de leur hospitalisation (86 %), 9 % ont eu au moins une délivrance d’antidépresseurs (et 13 % des patients ayant été ventilés mécaniquement), ce qui est cohérent avec la littérature montrant des prévalences importantes de syndrome de stress post-traumatique ou de dépression post-Covid. Les hypothèses sont encore nombreuses : réactivation de souvenirs d'angoisses en réanimation, utilisation prolongée de benzodiazépines pour la sédation, persistance de symptômes respiratoires, altération de la qualité de vie des patients…


Source : lequotidiendumedecin.fr