Covid-19 : la grossesse, un facteur de sévérité pour l'Académie, qui recommande uniquement la vaccination des femmes les plus à risque

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Publié le 03/03/2021
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Crédit photo : PHANIE

Faut-il vacciner les femmes enceintes contre le Covid-19 ? Faute de données dans les essais cliniques des vaccins sur le marché, et alors que les doses manquent encore, ce qui impose des stratégies de priorisation, les instances peinent à recommander massivement et franchement, leur vaccination en priorité.

Seul le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) demande que les femmes enceintes comme celles désirant concevoir, en particulier par aide médicale à la procréation, se voient offrir la vaccination contre le SARS-CoV-2 de manière prioritaire.

Risques plus élevés d'hospitalisation, de décès et de prématurité

L'Académie de médecine, propose, dans un communiqué paru ce 2 mars, de considérer la grossesse comme un facteur de risque de forme grave en cas d’infection par le SARS-CoV-2. Plusieurs données suggèrent un risque accru, fait-elle valoir. Une étude des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) portant sur plus de 450 000 femmes atteintes de Covid-19 symptomatique montre que le taux d'admission en unité de soins intensifs, de ventilation invasive, d'oxygénation par membrane extracorporelle et de décès est plus élevé chez les femmes enceintes que chez les femmes non enceintes en âge de procréer (RR de l’ordre de 1,7). Le Covid-19 multiplierait en outre par trois le risque d’accouchement prématuré. Par ailleurs, les facteurs classiquement associés à une morbidité maternelle, tels que l'âge supérieur à 35 ans, le surpoids, l'obésité, l'hypertension et le diabète, exposent les femmes atteintes de Covid-19 à des formes plus sévères.

Mais « dans le contexte actuel d'approvisionnement progressif des doses de vaccin, consciente des difficultés actuelles de prioriser les sujets à vacciner », l'Académie ne va pas jusqu'à demander leur immunisation en routine. En revanche, elle recommande « de protéger chaque femme enceinte de toute source potentielle de contamination » et de vacciner toutes celles qui ne peuvent l'être : c'est-à-dire, celles qui sont « professionnellement ou familialement exposées ». Sans oublier celles qui sont porteuses d'une comorbidité (âge > 35 ans, IMC > 25, HTA, diabète).

L'Académie préconise aussi de ne pas retarder ou interrompre une grossesse en raison de la vaccination. À l’instar des vaccinations contre la grippe ou la coqueluche, celle contre le Covid-19 pourrait induire une protection du nouveau-né grâce à la transmission des anticorps IgG maternels anti-SARS-CoV-2 à travers le placenta, suggérée par plusieurs études.

Dans la même logique, l'Académie conseille de préserver l’allaitement par les femmes ayant été infectées par le SARS-CoV-2 ou vaccinées au cours de leur grossesse. Selon la rue Bonaparte, les anticorps transmis par le lait maternel ont un effet protecteur pour le nouveau-né, argument que conteste la Haute Autorité de santé (sans pour autant déconseiller la vaccination chez la femme allaitante) : selon cette dernière, sur la base des mécanismes biologiques (dégradation rapide des ARNm), il n’y a pas d’effet attendu chez le nourrisson et l’enfant allaité par une femme vaccinée par les vaccins de Pfizer ou Moderna.

Pour le reste, la Haute Autorité, qui a actualisé ce 2 mars son avis sur les facteurs de risques de formes graves de Covid, est peu ou prou sur la même ligne que l'Académie. « Même si les essais cliniques des vaccins n'ont pas porté sur les femmes enceintes, il n'y a aucune raison théorique pour dire qu'elles ne doivent pas être vaccinées », a résumé le Pr Daniel Floret, vice-président du comité technique des vaccinations.

Privilégier Pfizer et Moderna, selon la HAS

Leur priorisation est laissée à l'appréciation du médecin ou de la sage-femme : « La vaccination doit être envisagée si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques pour la mère et le fœtus. En particulier, les femmes enceintes de plus de 35 ans ou celles présentant d’autres comorbidités comme l’obésité ou le diabète ou les femmes enceintes susceptibles d’être en contact avec des personnes infectées du fait de leur activité professionnelle pourraient se voir proposer la vaccination », lit-on dans le dernier avis de la HAS.

L'agence sanitaire recommande enfin d'immuniser les femmes enceintes via les vaccins ARNm de Pfizer ou Moderna, compte tenu des syndromes de type grippal ayant été rapportés avec le ChAdOx1 d'AstraZeneca.

À noter, les recommandations françaises sont pour l'heure, identiques à celles que vient de promouvoir le gouvernement britannique.


Source : lequotidiendumedecin.fr