Dérives sectaires : la Miviludes va être rattachée au ministère de l'Intérieur

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Publié le 02/10/2019

Crédit photo : AFP

La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui dépend de Matignon, va être rattachée au ministère de l'Intérieur en 2020.

Placée sous l'autorité du Premier ministre, cette mission, instituée en 2002, partage son activité entre le traitement des signalements qui lui sont transmis (environ 2 500 par an, dont 40 % dans le domaine de la santé) et la formation des agents publics (magistrats, policiers et gendarmes, médecins...) aux risques sectaires mais aussi, depuis avril 2014, aux risques liés à la radicalisation jihadiste.

« Les agents du Secrétariat général de la Miviludes confirment qu'ils ont été récemment informés du rattachement de la Mission au ministère de l'Intérieur en début d'année 2020 », ont-ils dit dans un message à l'AFP. Ils ont aussi été informés « d'un rapprochement avec le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) », qui dépend du ministère, ajoutent-ils dans ce message.

Partager les compétences

Le ministère de l'Intérieur justifie ce rattachement par « la nécessité (...) de partages de compétences avec d'autres organismes qui n'existaient pas lors de sa création, comme le secrétariat général du CIPDR par exemple ». La Miviludes et le CIPDR ont « un point commun important qui est la lutte contre les nouvelles formes de radicalité et les phénomènes d'emprise et d'enfermement », ajoute-t-on.

« La lutte contre les dérives sectaires ne relève pas que du ministère de l'Intérieur », a toutefois estimé l'ancien président (2008-2012) de la Miviludes, Georges Fenech.

« Si on noie la Miviludes dans un organisme, cela ne mobilisera plus toutes les administrations », comme aujourd'hui, a-t-il ajouté, exprimant des « inquiétudes ». La lutte contre les dérives sectaires « n'a pas de lien direct avec la radicalisation », selon lui.

« La Miviludes a mené depuis des années et avec ses faibles moyens un travail remarquable : elle a su tisser sur le terrain des liens forts avec le réseau associatif qui lutte lui aussi pour aider les familles et les victimes des manipulateurs de tous bords. Sa disparition ou sa "métamorphose" comme l'on ne manquera pas de nous la présenter constitue un signe inquiétant de déchéance de rationalité » a réagi le sociologue Gérald Bronner sur Facebook. 

La Miviludes attendait depuis plusieurs mois la nomination d'un nouveau président, après le départ de Serge Blisko, parti à la retraite en 2018.

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr