En recul depuis 2014, le tabagisme s’est stabilisé en 2020, selon Santé publique France

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Publié le 26/05/2021
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Crédit photo : Phanie

En baisse en France métropolitaine de 2014 à 2019, le tabagisme se stabilise en 2020, sauf chez les plus précaires, révèle le dernier « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de Santé publique France (SPF), publié ce 26 mai, en amont de la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai prochain.

Selon les données du Baromètre de SPF*, en 2020, plus de trois adultes de 18-75 ans sur dix déclaraient fumer (31,8 %) et un quart déclaraient fumer quotidiennement (25,5 %). Alors que les « variations de la prévalence du tabagisme et du tabagisme quotidien par rapport à 2019 ne sont globalement pas significatives », l’agence sanitaire évoque une stabilisation du tabagisme après une décrue de plusieurs années de la consommation : la proportion de fumeurs est passée de 34,5 % à 30,4 % entre 2016 et 2019, et celle des fumeurs quotidiens de 29,4 % à 24 %.

Cette tendance ne semble pas lier à la crise sanitaire, le regain de consommation de tabac étant observé avant la mise en place des mesures de lutte contre l’épidémie. Ainsi, avant le premier confinement (de janvier à mi-mars 2020), la prévalence du tabagisme s’élevait à 32,7 % (25,6 % pour le tabagisme quotidien) contre 30,4 % sur l’ensemble de l’année 2019 (24 % pour le tabagisme quotidien), et à 30,5 % après le confinement, soit de juin à juillet 2020 (25,3 % pour le tabagisme quotidien).

Pour expliquer cette hausse, les auteurs évoquent un « contexte de crise sociale » depuis la fin de 2018 et le « mouvement des gilets jaunes ». Cette crise touche en particulier les populations de plus faible niveau socio-­économique, qui pourraient utiliser la cigarette « pour gérer le stress ou pour surmonter les difficultés du quotidien », est-il indiqué.

Des tendances variables selon le niveau socio-économique

L’étude révèle en effet des évolutions différenciées du tabagisme selon le niveau socio-économique ou le niveau de diplôme. Parmi le tiers de la population ayant les revenus les moins élevés, le tabagisme quotidien est passé de 29,8 % à 34,3 % entre 2019 et début 2020, avant de se stabiliser à 31,6 % après le premier confinement. Par ailleurs, « parmi les personnes dont le diplôme le plus élevé est équivalent au bac, la prévalence du tabagisme quotidien a augmenté entre 2019 et le pré-confinement (22,4 % à 26,7 %), avant de se stabiliser ensuite (27 %) », est-il noté. À l’inverse, parmi le tiers de la population aux revenus les plus élevés, seuls 18 % se déclarent fumeurs quotidiens.

Une autre tendance inquiétante est soulignée : les tentatives d’arrêt d’au moins une semaine au cours des 12 derniers mois chez les fumeurs quotidiens sont en recul, de 33,4 % en 2019 à 29,9 % en 2020. Face à ce constat, les auteurs invitent à « réinstaller une tendance à la baisse » et à « renforcer encore la lutte contre les inégalités sociales face au tabagisme », qui sont « encore très prononcées et semblent même marquer un rebond entre 2019 et 2020 ».

L’appel est d’autant plus pressant que la France reste en retard, notamment par rapport aux pays anglo-saxons, dont trois d’entre eux (Royaume-Uni, États-Unis et Australie) affichent une prévalence du tabagisme à 14 %, avec également une prévalence différenciée selon le niveau socio-économique (9 % parmi les cadres versus 23 % parmi les ouvriers au Royaume-Uni et 4 % parmi les personnes les plus diplômées versus 35 % parmi les moins diplômées aux États-Unis).

*Enquête téléphonique, menée en France métropolitaine entre janvier et mars, puis entre juin et juillet 2020, auprès d’un échantillon total de 14 873 individus.


Source : lequotidiendumedecin.fr