Surveillance des issues de traitement de la tuberculose

Encore loin des objectifs fixés par l’OMS

Publié le 13/09/2011
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Crédit photo : BSIP

LA DÉTECTION précoce et la prise en charge rapide des cas par un traitement antituberculeux adéquat et complet (six à douze mois) demeurent les outils principaux de lutte contre la tuberculose. C’est pourquoi l’OMS préconise de détecter 70 % des nouveaux cas de tuberculose pulmonaire dont l’examen microscopique des expectorations est positif et d’obtenir la guérison de 85 % d’entre eux.

Le bilan publié dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (13 septembre 2011/n° 32), le premier depuis l’introduction en France dans la déclaration obligatoire d’une surveillance des issues de traitement (juillet 2007), montre un « écart important » entre la proportion de cas ayant achevé leur traitement et l’objectif de l’OMS.

En 2008, 5 783 cas ont été déclarés en France. Dans l’étude présentée par Delphine Antoine et Didier Che, 5 617 cas étaient éligibles (86 cas étaient des diagnostics post-mortem ; 80 cas étaient des cas initialement déclarés comme tuberculose mais qui n’ont pas été retenu ensuite).

Des informations n’étaient pas disponibles dans 40 % des cas éligibles, soit 2 265 cas, une « proportion importante », soulignent les auteurs, qui notent toutefois une amélioration par rapport aux données non publiées de 2007. Ces cas non renseignés constituent une limite dans l’interprétation des résultats mais surtout interrogent quant aux caractéristiques de la population concernée. Si les caractéristiques sociodémographiques et cliniques semblent être les mêmes que pour les cas renseignés, d’autres facteurs, comme l’existence de comorbidités, la consommation de drogues et d’alcool, mais aussi les conditions de vie et de logement, pourraient intervenir mais ils sont non collectés dans la déclaration obligatoire.

Décès et perdus de vue.

En dépit de ces limites, l’étude révèle que 73 % des 3 352 cas renseignés avaient achevé leur traitement dans les 12 mois qui suivent sa mise en route et seulement 69 % pour les cas pulmonaires à microscopie positive. Elle montre également un écart par rapport aux recommandations européennes, qui indiquent que pour atteindre l’objectif de l’OMS, on peut considérer 5 % des décès comme non évitables et un maximum de 10 % d’issues de traitement non évaluées de manière satisfaisantes. En France, le taux de décès était de 7 % pour l’ensemble des cas et de 9 % pour les tuberculoses pulmonaires, des décès principalement observés chez les personnes âgées (60 ans et plus), qui représentaient en 2008, 31 % des cas déclarés et 73 % des patients décédés dans les 12 mois suivant la mise en route du traitement. Quant aux taux d’issues de traitement qui n’ont pu être évaluées, il était en 2008 de 20 %, essentiellement constitué de patients perdus de vue.

Ces résultats montrent « qu’il est nécessaire de continuer les efforts pour assurer une bonne prise en charge des patients et leur accompagnement tout au long du traitement », indiquent les auteurs. Ils soulignent aussi la nécessité de sensibiliser les déclarants à l’intérêt de la surveillance et d’améliorer les outils de collecte d’information.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9002