Maladies non transmissibles

Enfin un signal fort de l’ONU

Publié le 22/09/2011
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Crédit photo : PHANIE

« UN SIGNAL fort ». L’OMS s’est réjouie de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies d’une déclaration dans laquelle les gouvernements reconnaissent « pour la première fois » l’urgente nécessité d’une action forte et coordonnée pour lutter contre ces maladies, qui tuent chaque année plus de 36 millions de personnes dans le monde, soit près de 63 % de la mortalité. L’OMS n’hésite pas à qualifier cette déclaration politique d’« historique », en réponse peut-être aux quelques doutes exprimés quant à l’issue de ces travaux par certains spécialistes qui redoutaient le poids des lobbies industriels (tabac, alcool, alimentation). Dans ce document de 14 pages, les États membres s’engagent à s’attaquer aux facteurs communs de risques des maladies non transmissibles en s’appuyant sur le Plan d’action 2008-2013 adopté par l’OMS et l’ensemble des résolutions et décisions déjà prises par l’Organisation, telles que la Convention-cadre pour la lutte antitabac, la Stratégie pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé ou encore la Stratégie mondiale visant à réduire l’usage nocif d’alcool. Autant d’initiatives qu’il s’agit désormais de promouvoir et d’accélérer.

Conflit d’intérêt fondamental.

Le texte préconise par exemple de « promouvoir l’application de l’ensemble des recommandations de l’OMS sur la commercialisation des aliments et boissons non alcoolisées destinés aux enfants, y compris les aliments riches en graisses saturées, en acides gras trans, en sucres libres ou en sel, sachant que les recherches montrent que les aliments pour enfants font l’objet de campagnes publicitaires intenses et qu’une forte proportion des aliments ainsi promus a une teneur en graisse, en sucre ou en sel élevée ». Le texte affirme également « qu’il existe un conflit d’intérêt fondamental entre l’industrie du tabac et la santé publique ».

« La prochaine étape est maintenant de mettre en œuvre ces engagements », dit l’OMS, à laquelle les États membres ont confié la responsabilité de formuler des recommandations en vue de définir, avant la fin de 2012, des objectifs à l’échelle mondiale, un cadre général et des indicateurs de suivi afin de suivre les tendances et d’évaluer les progrès.

« Ce n’est pas un problème que les ministres de la Santé peuvent régler tous seuls. Nous avons besoin de tous les partenaires : des gouvernements pour fournir les bonnes incitations, des individus pour protéger leur santé, des groupes de la société civile afin de maintenir la pression pour un marketing responsable, du monde des affaires pour fabriquer des produits plus durables », a prévenu Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU. La maîtrise des maladies non transmissibles nécessite aussi de mettre en œuvre « les stratégies et accords internationaux pertinents, ainsi que des mesures éducatives, législatives, réglementaires et fiscales ». Des pays qui ont déjà pris des mesures de ce type, notamment contre les maladies cardio-vasculaires, ont, selon l’OMS, enregistré une baisse sensible de l’exposition aux risques et de l’incidence et de la mortalité de ces maladies. Le coût total de l’adoption de ces stratégies dans tous les pays à revenu faible ou intermédiaire s’élèverait, selon l’organisation, à 11,4 milliards de dollars par an.

Le cercle vicieux.

Lors des discussions, la représentante de la Banque mondiale, a reconnu que les maladies non transmissibles avaient « un impact majeur sur l’économie, car elles augmentent les prix des assurances et absorbent des fonds que les États et les entreprises privées auraient investis dans d’autres domaines ». Selon des études récentes, 47 000 milliards de dollars devront être dépensés dans les 20 prochaines années pour la prise en charge des malades atteints par une maladie non transmissible. Ce montant « représente près de 10 fois le coût total des dépenses de santé publique et privée du monde en 2010, et 25 fois le montant total de l’aide au développement de ces 20 dernières années », a indiqué lors d’une table ronde le Pr David Bloom, de l’École de santé publique de Harvard. Le défi du XXIe siècle sera de rompre le « cercle vicieux », comme l’affirme le texte de l’ONU, par lequel les maladies non transmissibles et leurs facteurs de risque « aggravent la pauvreté, qui, elle-même contribue à l’accroissement des taux de maladies non transmissibles ». Les États sont appelés à honorer leurs engagements en faveur de l’aide publique au développement, notamment celui de consacrer 0,7 % du revenu national brut à l’aide publique au développement d’ici à 2015.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9009