Faire de la santé environnement un enjeu présidentiel mobilise des associations

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Publié le 20/09/2016

Quatre-vingt-dix pour cent des Français estiment que la mise en place de réglementations visant à réduire significativement l'exposition des enfants à des polluants chimiques toxiques doit faire partie des priorités du gouvernement en matière de santé et d'environnement, révèle un sondage réalisé par l'IFOP pour Générations futures*. Une prise de conscience partagée de tous, mais plus vive chez les plus de 50 ans (entre 93 % et 95 %) et les urbains (92 % de oui en province et 89 % en agglomération parisienne, vs 86 % dans les communes rurales).

Un constat qui encourage les associations, à huit mois de la présidentielle, à plaider pour faire de la santé environnement un des enjeux forts des programmes des candidats. « Les gens savent qu'il y a urgence et ne sont pas allergiques à plus de réglementations », assure François Veillerette, directeur de Générations futures.

Parmi les autres associations mobilisées : Respire, qui rappelle que, selon Santé publique France, la pollution de l'air est responsable d'au moins 48 000 décès annuels en France, avec des inégalités territoriales non négligeables, Écologie sans frontières, WECF et Robins des toits, qui alerte sur les dangers des ondes électromagnétiques.

Des mesures à venir mais, déjà, des réglementations à appliquer

Les associations, regroupées sous la bannière Rassemblement pour la planète, lancent une pétition. Des propositions concrètes seront soumises ultérieurement aux candidats à la présidentielle. Les militants assurent que beaucoup sont déjà connues et n'attendent que d'être appliquées. Par exemple, l'abaissement des valeurs limite d'exposition réglementaire aux ondes et la révision des indicateurs d'exposition (comme le DAS) pour les adapter aux particularités morphologiques des enfants, recommandé par l'Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail (ANSES), dans son rapport de juillet 2016, cite Étienne Cendrier, des Robins des toits. Ou encore la possibilité d'une interdiction des téléphones portables pour les moins de six ans, inscrite dans la loi Grenelle II de janvier 2010, poursuit-il.

« La France a plutôt une bonne position sur les perturbateurs endocriniens. Mais il est capital de savoir comment se positionnent les candidats face aux tentatives de la commission européenne pour réécrire la réglementation », enchérit François Veillerette, citant également le combat contre le glyphosate ou la limitation des pesticides, portée par le plan écophyto.

Et Nadine Lauverjat, coordinatrice de Génération futures, d'ajouter que la refonte des procédures de reconnaissance des maladies professionnelles devrait être un axe supplémentaire du combat pour la santé environnement, tout comme la mise en œuvre du principe pollueur/payeur.

Des actions en justice en cours

Les associations portent aussi le fer en justice. Selon Sébastien Vray, de Respire, le 16 juillet, une plainte collective rassemblant 5 000 dossiers a été déposée contre la Commission européenne, auprès de la Cour de justice de l'Union européenne, pour autoriser des dépassements de la norme d'émission d'oxyde d'azote des véhicules Diesel euro 6.

Une enquête est en cours sur l'intoxication d'écoliers de Villeneuve-de-Blaye en mai 2014, après l'épandage de produits sur des vignes voisines, a ajouté Nadine Lauverjat.

En revanche, la seconde plainte d'Écologie sans frontières contre x (suivant une première en 2014), pour mise en danger de la vie d'autrui après plusieurs pics de pollution, a été classée sans suite par le parquet de Paris, a indiqué Franck Laval. Motifs avancés : les causes de l'exposition aux particules fines sont trop complexes à démontrer, et le Parquet a jugé qu'il y avait une obligation de moyens, non de résultats, de ne pas dépasser les normes, précise, amère, l'ONG.

* Enquête menée auprès d'un échantillon de 1 003 personnes représentatives de la population française adulte, via la méthode des quotas, par questionnaire auto-administré en ligne du 7 au 9 septembre 2016.


Source : lequotidiendumedecin.fr