Handicap : lancement d'une campagne nationale de sensibilisation, la première depuis 15 ans

« Voyons les personnes avant le handicap », tel est le slogan d'une campagne nationale de sensibilisation, lancée ce 18 octobre par le gouvernement, avec l'objectif de casser les clichés et de lutter contre les préjugés. Annoncée dès la Conférence nationale du handicap du 11 février 2020, cette campagne, dotée d'un budget de 3,5 millions d'euros, est une première depuis 2004. 

Du 18 octobre au 7 novembre, l'ensemble des médias, audiovisuels ou écrits, relaieront dix portraits photographiés par Sylvie Lancrenon et trois films réalisés par Yvan Attal, repris dans les cinémas pendant les vacances de Noël, ou dans les entreprises, lors de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées, du 15 au 21 novembre. L'accent est mis sur les passions ou compétences des personnes. L'ambition : « dépasser les représentations biaisées, casser le filtre déformant que représente le handicap : sans le nier, mais en le remettant à sa juste place : celle d'une caractéristique qui ne nous définit pas », indique le dossier de presse. « Le but, c'est de dire qu'on s'arrête encore trop au handicap des gens, alors qu'il faut voir la personne avant tout. Il y a encore une trop grande défiance, trop de gens qui pensent par exemple "le handicap à l'école, c'est possible, mais pas dans la classe de mon enfant" », a expliqué à l'AFP la secrétaire d'État chargée du dossier Sophie Cluzel.

Lutter contre les préjugés

Les préjugés et la méconnaissance ont la vie dure (y compris chez les plus jeunes), alors que 12 millions de personnes en France sont touchées et que ces handicaps sont invisibles (80 %) et surviennent au cours de la vie (85 %).

Selon une enquête menée par Harris-Interactive du 19 au 26 avril 2021, auprès d’un échantillon représentatif de plus de 2019 adultes, 64 % des personnes interrogées estiment que le handicap est un obstacle au bonheur et à une vie épanouie ; 35 % des moins de 35 ans interrogés pensent que les personnes en situation de handicap ne sont pas capables de travailler (contre 19 % population générale). Près d'un tiers porte un regard défavorable sur la parentalité, chez les personnes en situation de handicap. 

Par ailleurs, seulement 0,61 % des individus représentés dans les médias, en 2020, sont perçus comme en situation de handicap.

Des associations circonspectes 

Les associations ne goûtent que modérément le « ton bienveillant et engageant » voulu par le gouvernement. « Sur le principe, on ne peut que se réjouir du lancement d'une campagne sur ce thème. Mais nous nous interrogeons sur la pertinence de ces messages à l'eau de rose qui laissent entendre que tout va bien », a réagi Arnaud de Broca, président du collectif Handicaps. « Face à des discriminations multiples, nous aurions attendu une campagne plus percutante, qui fasse davantage réfléchir », a-t-il ajouté.