Épidémie de SHU à Bordeaux

La même souche et aussi les graines germées

Publié le 27/06/2011
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Crédit photo : AFP

APRÈS l’Allemagne, c’est la France qui doit faire face à des cas groupés d’infections liées à la souche O104 :H4. Sur les 10 cas de diarrhées sanglantes signalés à l’ARS Aquitaine, 8 ont dû être hospitalisés au CHU Pellegrin de Bordeaux ou à l’hôpital d’instruction des armées Robert-Picqué. Comme en Allemagne, les personnes touchées sont majoritairement des adultes et particulièrement des femmes : 6 femmes âgées de 31 à 78 ans et 2 hommes âgés de 34 à 41 ans. Cinq d’entre elles ont présenté un syndrome hémolytique et urémique.

Les premières investigations ont permis d’écarter tout lien avec l’épisode de cas groupés de SHU liés aux steaks hachés Steaks Country surgelés Lidl survenu dans le Nord-Pas-de-Calais, qui a touché essentiellement des enfants. En revanche, elles ont permis de mettre en évidence la présence de la souche O104 :H4, la même que celle identifiée dans l’épidémie survenue en Allemagne.

Centre de loisirs de Bègles.

L’enquête épidémiologique, réalisée par la Cellule de l’Institut de veille sanitaire en région (CIRE Aquitaine) a rapidement conduit vers le Centre de loisirs de la petite enfance (CLPE) de Bègles, qui avait été fréquenté par 7 des 8 patients hospitalisés, dans le cadre d’une kermesse de fin d’année organisée le 8 juin dernier. Au moins 6 d’entre eux auraient consommé des graines germées saupoudrées sur des soupes.

Des investigations sur l’origine des graines en cours. Des échantillons ont pu être saisis dans le centre de loisirs pour être analysés.

Les autorités recommandent aux personnes qui ont fréquenté le centre de loisirs de Bègles dans le cadre de la kermesse et qui présentent une diarrhée sanglante « de consulter leur médecin traitant ».

« ll semblerait que l’épidémie soit limitée mais nous sommes suspendus aux résultats de l’enquête de traçabilité », explique « au Quotidien » Alexandra Mailles, de l’Institut de veille sanitaire InVS. La spécialiste juge la situation « inquiétante, comme dans tous les épisodes de cas groupés chez l’enfant ou chez l’adulte ». Le réseau de surveillance des SHU de l’adulte mis en place par l’InVS au moment de l’épidémie en Allemagne pourrait être, selon elle réactivée.

En Allemagne, l’épidémie se poursuit, mais avec un nombre de nouveaux cas très nettement en baisse – « un niveau qui est revenu la semaine dernière au niveau pré-épidémique », confirme Alexandra Mailles. Le bilan fait état de plus de 3 600 personnes touchées, dont 827 cas de SHU et 42 décès. Les investigations quand aux modalités de la contamination se poursuivent « mais elles sont complexes », poursuit Alexandra Mailles. L’épidémiologiste précise aussi que les graines germées mises en cause en Allemagne n’ont pas été distribuées en France. Un point hebdomadaire réalisé par la CIRE d’Aquitaine pour la semaine 23 (du 6 juin au 12 juin 2011) indiquait, à propos de cas importés d’Allemagne : « Aucun cas n’est à signaler ».

> Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8990