Les résultats 2012 de l’enquête ObÉpi

La progression de l’obésité ralentit

Publié le 18/10/2012
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Crédit photo : S TOUBON

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EN 2012, sept millions de Français souffrent d’obésité alors qu’ils n’étaient que 3,5 millions en 1997. Les résultats 2012 de l’enquête épidémiologique nationale ObÉpi montrent toutefois que, pour la première fois depuis 15 ans, la progression de l’obésité ralentit en France. « L’évolution de la prévalence de l’obésité est non significative entre 2009 et 2012 », indique le Dr Marie-Aline Charles (INSERM), l’une des responsables du comité scientifique de l’enquête avec le Pr Arnaud Basdevant (Pitié-Salpêtrière) et le Dr Eveline Eschwège.

En 2012, 15 % des Français sont obèses contre 14,5 % en 2009 (+ 3,4 %). Entre 1997 et 2000, la progression était de + 18,8 % et de + 10,7 % entre 2006 et 2009. Cette 6e édition d’ObÉpi (réalisée au niveau national, tous les trois ans et selon une méthodologie identique par auto-questionnaires) a porté sur ?25 714 personnes de 18 ans et plus, dont 5 934 âgées de plus de 65 ans. La prévalence de la population adulte en surpoids s’établit à 32,3 % contre 31 % en 1997, correspondant à 14,8 millions de personnes avec un indice de masse corporelle compris entre 25 et 29,9.

Plus 3,6 kg en 15 ans.

En quinze ans, le poids moyen des Français adultes a augmenté de 3,6 kg alors que leur taille moyenne a progressé de 0,7 cm. Leur tour de taille moyen a suivi la même évolution : il a augmenté de 5,3 cm, passant de 85,2 cm à 90,5 cm. Toutefois, malgré le ralentissement de sa progression chez les deux sexes, l’obésité augmente plus rapidement chez les femmes. Cette tendance est particulièrement nette pour les obésités de classe II (IMC compris entre 35 et 39,9) : prévalence de 3,7 % pour les femmes contre 2,5 % pour les hommes. S’agissant des obésités de classe III (IMC supérieure ou égale à 40), elles concernent 1,6 % des femmes contre 0,6 % des hommes. À l’inverse, la prévalence du surpoids est toujours plus importante chez les hommes (38,8 %) que chez les femmes (26,3 %).

Le point noir des 18-24 ans.

Si la prévalence de l’obésité augmente avec l’âge pour les deux sexes, le bilan est cependant décevant chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans où « l’augmentation régulière de l’obésité se poursuit », constate le Dr Marie-Aline Charles. Cette augmentation est de + 35 % entre 2009 et 2012 alors que la variation dans les autres tranches d’âge se situe entre - 1,5 % et +4,5 %.

Les disparités régionales et sociales, observées depuis 1997, sont toujours présentes en 2012. Toutes les catégories de revenus ou d’instruction sont touchées par l’augmentation de la prévalence de l’obésité (et son ralentissement). Il n’en reste pas moins que le taux d’obésité est en dessous de la moyenne nationale chez les individus se déclarant à « l’aise financièrement » et passe à 30 % chez ceux qui déclarent « ne pas y arriver sans faire de dettes ».

L’enquête ObÉpi confirme la présence d’un gradient décroissant Nord-Sud : 21,3 % dans le Nord-Pas-de-Calais et 11,6 % dans la région Midi-Pyrénées. Il existe également un gradient décroissant Est-Ouest : 20,9 % en Champagne-Ardenne et 11,8 % en Pays de la Loire. L’Alsace, la Champagne-Ardenne et la région parisienne figurent parmi les régions qui connaissent les plus fortes augmentations en 15 ans.

Hypertension, diabète ...

Dernier volet de l’enquête : les pathologies. En 2012, le risque d’être traité pour hypertension artérielle est multiplié par 3 chez les personnes obèses, indique le Pr Arnaud Basdevant. Le risque est multiplié par 2,5 pour le cholestérol et par 7 pour le diabète. L’incontinence urinaire, l’asthme, l’apnée du sommeil sont également accrus avec l’IMC. Près de 3,3 % de la population obèse a eu recours à une chirurgie bariatrique (des femmes pour les trois quarts). Ces opérations, principalement réalisées dans le sud, n’ont toutefois « aucune correspondance avec l’épidémiologie de l’obésité », souligne le Pr Basdevant. L’offre de soins devrait être rétablie en conséquence, estime-t-il.

Tous les principaux résultats de l’enquête sont disponibles sur www.roche.fr

 STEPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9177