Infections à e.coli producteurs de shigatoxines

L’épidémie semble stabilisée

Publié le 06/06/2011
Article réservé aux abonnés
1307357654260572_IMG_62409_HR.jpg

1307357654260572_IMG_62409_HR.jpg

C’EST « L’ÉPIDÉMIE la plus importante des dernières décennies causée par une bactérie », a souligné lors d’une conférence de presse, ce vendredi, le Pr Reinhard Brunkhors, président de la Société allemande de néphrologie et responsable hospitalo-universitaire de la région de Hanovre. Au 2 juin, plus de 1 700 cas, dont 18 mortels, avaient été signalés en Allemagne, 70 % touchant des femmes, et 552 cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU) officiellement notifiés. Selon l’OMS, 12 pays ont signalé des cas (soit un total dépassant 2 000, et un décès en Suède), mais tous sont liés à l’Allemagne.

La souche a été identifiée, il s’agit de O104:H4, une souche rare déjà rencontrée chez l’être humain mais jamais lors d’une flambée épidémique provoquée par ECEH, a indiqué l’OMS. Cette dernière ne fait aucune recommandation quant au traitement mais rappelle les mesures d’hygiène normales, à savoir le lavage des mains après un passage aux toilettes et avant de toucher des aliments. Et toute personne souffrant de diarrhée avec émission de sang et de crampes abdominales et ayant eu des contacts récents en Allemagne du nord doit s’adresser de toute urgence à un médecin.

Jusqu’à 15 jours d’incubation.

En France, la direction générale de la Santé, qui a mis en ligne des questions-réponses correspondant aux principales interrogations qui lui sont soumises*, ajoute le nettoyage soigneux des fruits et légumes et épluchage ou cuisson, le nettoyage des couverts et ustensiles ayant servi à éplucher les fruits et légumes et le nettoyage des plats et surfaces (dont les réfrigérateurs) ayant été en contact avec les aliments.

Car si les concombres espagnols ont été innocentés, on ignore encore, ce vendredi après-midi, l’origine de la contamination. Du coup, ce sont tous les légumes européens qui sont boudés par les consommateurs. La DGS rappelle que le réservoir principal de E.coli est le tube digestif des ruminants et que la transmission peut se faire par contact direct avec des animaux contaminés ou leur environnement, par la consommation de légumes crus ainsi que de viande hachée crue ou mal cuite ou de lait cru, ou par contact direct avec une personne infectée dont l’hygiène ne serait pas rigoureuse. Le délai d’incubation moyen est de 3-4 jours et peut aller jusqu’à 15 jours, le SHU se manifestant généralement une dizaine de jours après le début des premiers symptômes.

La France a activé une cellule de crise, qui réunit l’Institut de veille sanitaire, la direction générale de la Santé, la direction générale de la Concurrence et de la répression des fraudes. L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a proposé aux autorités allemandes un test de détection rapide de la souche O104 dans les aliments, test mis au point au laboratoire de sécurité des aliments à Maisons-Alfort.

Selon une société chinoise privée de génomique qui travaille avec le CHU d’Eppendorf, à Hambourg, et un laboratoire californien, la bactérie est une chimère, renfermant des gènes de deux bactéries E.coli, résistante à toute une batterie d’antibiotiques. « Nous espérons avoir bientôt assez d’informations pour pouvoir identifier les causes de l’agressivité » de la bactérie, a indiqué Dag Harmsen, un chercheur de l’université de Münster, qui travaille avec le laboratoire californien.

* www.sante.gouv.fr/intoxication-alimentaire-a-escherichia-coli-en-allema…

> RENÉE CARTON
En complément

Source : Le Quotidien du Médecin: 8976