Épidémie d’infections à E. coli

Les investigations se poursuivent

Publié le 08/06/2011
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LE NOMBRE de nouveaux cas est toujours en diminution en Allemagne sans que l’on puisse encore dire, selon l’Institut Robert-Koch, si cette baisse est due l’élimination de l’aliment contaminé à l’origine de l’épidémie. Les investigations se poursuivent en Allemagne. Après le concombre espagnol, finalement innocenté, la piste des graines germées a été avancée par les autorités de la Basse Saxe, qui ont mis en cause une exploitation agricole de la région. Toutefois, les premiers échantillons analysés (23 sur 40) étaient négatifs. Les spécialistes prédisent une enquête difficile en raison des sources multiples de contamination même si celle-ci est localisée en Allemagne.

Les autorités allemandes recommandent toujours d’éviter la consommation de salades, tomates et concombres et, désormais, de graines germées.

Selon l’Institut Robert-Koch, qui a réalisé la première étude cas-témoins auprès des patients infectés par E. coli O104 : H4, un sérogroupe très rare, l’enquête sur les habitudes alimentaires avait déjà recherché la consommation de graines germées mais une faible proportion de patients en avait consommé. L’institut a lancé une nouvelle étude cas témoins dont les résultats sont également attendus.

Prise en charge des SHU.

Devant l’ampleur et la gravité de l’épidémie, les néphrologues allemands ont été conduits à rechercher un traitement hors AMM pour la prise en charge en urgence des patients atteints de SHU – plus de 600 cas de SHU ont déjà été rapportés. L’éculizumab (Soliris, du Laboratoire Alexion) bénéficie d’une AMM européenne depuis juin 2007 pour le traitement des patients atteints d’hémoglobinurie paroxystique nocturne. La molécule est en cours d’évaluation dans le traitement des SHU atypiques, d’origine génétique. Toutefois une étude publiée fin mai dans le « New England Journal of Medicine » a montré des résultats encourageants du traitement chez trois enfants atteints de SHU d’origine bactérienne, sous hémodialyse, en France, au Canada et en Allemagne. Sous éculizumab, les signes neurologiques et les troubles de la fonction rénale ont rapidement régressé.

Dans un communiqué, l’AFSSAPS* (Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé) fournit des précisions sur le protocole utilisé par les équipes allemandes « sur la base des données cliniques du SHU atypique et en l’absence de données cliniques pour le SHU shiga + ». L’Agence souligne que « les patients éligibles sont des patients avec diagnostic avéré de SHU à shiga + avec atteinte neurologique (facteur de mauvais pronostic » et rappelle que le médicament est « réservé au milieu hospitalier sous la surveillance d’un médecin ayant l’expérience de la prise en charge des patients atteints de troubles hématologiques/néphrologiques ». Les premiers traitements ont été commencé en Allemagne il y a une dizaine de jours et « seules les données cliniques allemandes », selon l’AFSSAPS permettront de préciser la conduite à tenir pour la durée du traitement. Dans l’attente d’une évaluation du bénéfice/risque dans cette situation, « cette prescription hors AMM doit être justifiée par l’état clinique du patient et documentée dans sono dossier », insiste l’agence, qui précise que le laboratoire Alexion « assure les expéditions de Soliris aux établissements de santé sur réception d’une commande et d’une prescription nominative ».

* www.afssaps.fr.

> Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8978