Épidémie à Escherichia coli en Allemagne

Les médecins français appelés à signaler les SHU

Publié le 30/05/2011
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Crédit photo : AFP

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EN ALLEMAGNE, l’épidémie d’infections à E. coli a déjà touché plus de 500 personnes, dont 276 ont développé un syndrome hémolytique et urémique (SHU), avec 3 décès, selon les données de l’Institut Robert Koch à la fin de la semaine dernière. Le premier décès a été enregistré le 21 mai, une femme de 83 ans admise dans un hôpital de la Basse Saxe le 15 mai pour des colites hémorragiques. Les cas de SHU concernent en majorité des adultes, dont 68 % de femmes. Un bilan publié dans « Eurosurveillance » (26 mai 2011) à partir de 214 cas survenus entre le 2 et le 24 mai indique que la majorité des cas sont concentrés dans 4 États du nord : Hambourg et Brême, surtout, Schleswig-Holstein et Basse Saxe. L’épisode de 31 cas signalé dans l’État de Hesse serait, selon « Eurosurveillance », une épidémie « satellite », liée à une entreprise de restauration approvisionnant les cafétérias d’une entreprise et d’une résidence.

Les investigations réalisées en Allemagne sont en faveur d’une contamination liée à la consommation de concombres importés d’Espagne. Selon la Commission européenne, qui a lancé l’alerte via le système d’alerte rapide RASFF (Rapid Alert System for Food and Feed) et le réseau confidentiel de partage d’information épidémiologique entre les pays membres EWRS (Early Warning and Response System), deux régions espagnoles sont concernées, Malaga et Almeria. Les investigations se poursuivent en Allemagne afin d’identifier d’autres sources potentielles de contamination. Une étude cas-témoin (25/96), réalisée par l’Institut Robert Koch, a mis en évidence une consommation plus importante de concombres, tomates et salades chez les personnes malades.

Quatre autres pays européens ont déjà signalés des cas d’infection à E. coli, essentiellement des cas importés concernant des Allemands en visite ou des personnes ayant séjourné en Allemagne : 10 cas ont été recensés en Suède, 4 au Danemark, 3 au Royaume-Uni et 1 aux Pays-Bas. La Commission appelle les personnes qui ont récemment effectué un voyage en Allemagne à être vigilants en cas de symptômes « telles que des diarrhées accompagnées de saignements » et, dans ce cas, à consulter leur médecin.

Surveillance renforcée en France.

Selon les analyses du Centre national allemand de référence, la bactérie en cause serait d’un sérogroupe très « rare », O104. « L’épisode actuel est le plus important jamais décrit dans le monde, en particulier en Allemagne et présente une distribution par âge et par sexe très atypique », note « Eurosurveillance ».

Les autorités sanitaires allemandes recommandent d’éviter de manger des légumes crus, particulièrement dans le nord de l’Allemagne (les cuire pendant dix minutes à 70 °C).

En France, l’Institut de veille sanitaire souligne qu’aucune augmentation du nombre de cas de SHU en France n’a été mise en évidence en mai 2011 par le système de surveillance des SHU chez les enfants de moins de 15 ans. « Aucun des patients signalés en mai n’a rapporté de séjour en Allemagne dans les jours ayant précédé ses symptômes », indique l’Institut. De même, d’après la déclaration obligatoire (DO) des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) « aucune TIAC à STEC n’a été déclarée en mai 2011 ».

L’institut invite « les médecins hospitaliers ou libéraux ayant diagnostiqué une diarrhée sanglante ou un SHU survenus depuis le 20 avril 2011, chez des patients ayant séjourné en Allemagne dans les 15 jours précédents le début des symptômes, à les signaler à l’Agence régionale de santé de leur région (ARS) ».

Cette nouvelle mesure vise à renforcer le système de surveillance, en particulier pour les adultes. Toutefois, « l’événement est tellement inhabituel, explique au « Quotidien » Véronique Vaillant, épidémiologiste à l’InVS, que les médecins nous auraient signalé tout SHU survenant chez un adulte ». Selon elle, la distribution particulière de l’épidémie actuelle est principalement liée à l’exposition. « C’est le principe de la pyramide, les femmes sont le plus touchées parce que ce sont elles qui consomment le plus ce type d’aliment, les enfants, eux, consomment peu de concombre ou de salades. »

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8973