La rentrée est une période à risque pour l’enfant allergique, qui se retrouve exposé à deux environnements riches en polluants : son domicile et la collectivité, et plus largement le milieu urbain.
Dans les grandes villes en effet, près de la moitié de la population vit dans des zones très touchées par la pollution atmosphérique. Le dépôt dans les voies aériennes distales d’oxyde d’azote, de dioxyde de soufre et d’hydrocarbures aromatiques notamment entraîne une inflammation locale et un remodelage, avec une sensibilisation aux aéro-allergènes. Pour les enfants allergiques, ceci se traduit par une augmentation des exacerbations de l’asthme, de la rhinite et de l’eczéma.
À cela s’ajoute la prolifération des acariens à la faveur des températures élevées et de l’humidité, qui est elle aussi responsable d’une augmentation des symptômes chez les patients, et ce d’autant plus que la période estivale rime souvent avec une moindre observance aux traitements de fond.
Enfin, les risques allergiques sont également augmentés par les polluants à l’intérieur des classes (produits de nettoyage, matériel scolaire), la pratique sportive (piscine, gymnase), le contact accidentel avec des aliments ou encore pour les plus âgés au tabagisme passif, voire actif.
Les praticiens sont ainsi confrontés à une épidémie de crise d’asthme en septembre, avec un pic deux semaines après la rentrée bien décrit en 2015 par l’Institut national de veille sanitaire. Ce phénomène est également observé en Amérique du Nord, en Australie ou au Royaume-Uni.
Il paraît donc important d’anticiper les risques liés à cette période en ajustant le traitement et en renforçant l’éducation thérapeutique.
L’arrivée des viroses
Très vite, la fin de l’été laisse la place à l’automne et l’hiver et leur cortège de viroses. Le lien entre viroses respiratoires et asthme est désormais bien établi, notamment par les études épidémiologiques comme le suivi de la cohorte TABS (Tennessee asthma bronchiolitis study) : une naissance quatre mois avant le pic épidémique est associée à une augmentation de 29 % du risque de développer un asthme. Une autre étude, finlandaise, a montré que les infections respiratoires basses durant l’enfance sont associées à un doublement du risque d’asthme à l’âge adulte.
L’épithélium respiratoire est la principale cible des virus ayant un tropisme respiratoire, virus qui semble orienter vers une réponse immunitaire de type TH2 chez le nourrisson. Cette orientation TH2 favoriserait la sensibilisation par des aéro-allergènes de l’environnement. Une corrélation positive entre la prévalence d’une sensibilisation ou d’un asthme et le portage viral au cours des deux premières années de vie a été mis en évidence dans une étude de cohorte, mais un terrain atopique pourrait aussi être responsable de l’augmentation de la fréquence des infections. Enfin, l’effet synergique entre infection virale et exposition allergénique se traduit par une forte augmentation du risque d’hospitalisation.
Les interactions entre virus et allergies apparaissent ainsi multiples et suscitent toujours de nombreuses recherches.
Forte pollinisation
Avec le retour du printemps débute une période prolongée de forte pollinisation (arbres, puis graminées jusqu’au milieu de l’été et herbacées à la fin de l’été), de multiplication des acariens et de prolifération des moisissures. Pour les sujets allergiques, ceci se traduit par des symptômes de rhinoconjonctivite, qui ont souvent un retentissement important sur la qualité de vie, et par la survenue de crises d’asthme, parfois sévères.
Parallèlement, les sujets souffrant de dermatite atopique présentent volontiers des exacerbations de leur atteinte cutanée et la fréquence des allergies alimentaires semble également augmentée au cours de la saison pollinique, notamment pour des aliments croisant avec les pollens d’arbres.
Il est donc important au cours de cette période de forte pollinisation de bien prendre en charge la rhinoconjonctivite allergique, de réévaluer le traitement de fond de l’asthme et si besoin de le renforcer.
Chez les patients présentant un syndrome pollens-fruits (réaction allergique aux fruits frais chez un sujet ayant une allergie saisonnière aux pollens d’arbres), il est recommandé de réduire la consommation de fruits crus, de les éplucher et de privilégier les plus pauvres en protéines PR10 et ce, sous couverture antihistaminique.
D’après les communications des Prs et Drs, Jacques Brouard (Caen), Grégoire Benoist, (Boulogne-Billancourt) et Virginie Jubin (Lyon)
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