Violence verbale, physique, sexuelle, économique, excision, mariage forcé : selon une enquête du réseau périnatal NEF 2014, parmi 633 femmes répondantes, 37 % ont déclaré avoir subi au moins une fois au cours de sa vie l’une de ces violences, et 20 % au moins deux types de violences.
Les sages-femmes représentent un rouage important dans le dépistage de ces violences, non seulement parce que la grossesse est un catalyseur de la violence du conjoint, mais aussi parce qu’il causera ainsi un préjudice important, à court et long terme, sur le déroulement de la grossesse puis la santé de la femme et celle de son enfant. « 40 % des violences débutent pendant la grossesse », rappelle en effet Sophie Flandrin Cretinon, membre de la commission scientifique indépendante des sages-femmes et enseignante dans le 92.
Une demande d’IVG sur quatre survient dans un contexte de violences et, en cas de poursuite de la grossesse, elle est considérée comme étant à risque : métrorragies, rupture prématurée de membranes, prématurité, diabète, hématome rétroplacentaire et HIA. En post-partum, les dépressions et pathologies psychiatriques sont alors fréquentes.
La grossesse, un catalyseur
Sophie Guillaume, du Collège national des sages-femmes de France, a montré, à partir des résultats d’une enquête de la Mission interprofessionnelle pour la protection des femmes (MIRPOF), que les sages-femmes doivent être formées pour s’impliquer davantage dans la lutte contre ce fléau.
La violence du conjoint prend place de façon progressive et par cycles. La victime est au fur et à mesure isolée (soutiens, amis, famille), ce qui rend possible la répétition et l’accélération des cycles de violence.
Les professionnels de santé ont donc toute leur place pour repérer et de prendre en charge ces femmes isolées, ainsi que relayer les avancées législatives. Ainsi, le rapport Henrion a insisté sur la nécessité de dépister les signes et les comportements faisant craindre l’existence de ces situations.
La MIPROF a mis au point avec eux des kits de formation comprenant un court-métrage (ELISA) et un livret d’accompagnement, dans lequel un schéma type d’entretien en sept étapes est proposé. Il sera distribué en priorité aux médecins et aux sages-femmes, puis à la police et aux partenaires sociaux.
Une consultation adaptée
La prise en charge doit se faire à l’occasion d’une consultation adaptée, durant laquelle la sage-femme devra montrer une écoute active, bienveillante et sécurisante. Les différents éléments de cette consultation devront être notés au dossier, un arrêt de travail pourra être délivré ainsi qu’un certificat médical de constatation (sans évoquer d’interruption temporaire de travail).
Puis la patiente sera prise en charge juridiquement en la mettant en relation avec les associations qui pourront l’aider ainsi que les commissariats de proximité. Il faut démontrer aux femmes concernées que les professionnels de santé, et en particulier ici les sages-femmes, peuvent les aider à éviter ce qui n’est pas une fatalité.
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