Une formation médicale pour les guides locaux

L’Ifremmont à l’assaut du Kilimandjaro

Publié le 10/02/2011
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Crédit photo : AFP

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AVEC SES 5 860 mètres d’altitude, le Kilimandjaro, point culminant du continent africain, est devenu l’un des sommets les plus attractifs de la planète en raison de son accessibilité, de sa faible technicité et de son environnement bien desservi. C’est la raison pour laquelle le Dr Emmanuel Cauchy l’a choisi pour tester un nouveau programme de formation, destiné aux guides locaux, en l’occurence des Tanzaniens. Quinze ou vingt fois par an, ces montagnards encadrent des groupes internationaux inscrits via des agences spécialisées, des groupes qui s’élancent sur des pentes régulières et apparemment faciles, sans se soucier du moindre bilan médical préalable, ni d’aucun entraînement physique avant l’expédition. « C’est cette double négligence qui occasionne chaque année bon nombre de décompensations, parfois mortelles », constate le président de l’IFREMMONT, tout à la fois PH urgentiste aux Hôpitaux du pays du Mont Blanc, à Chamonix, guide de haute montagne et explorateur himalayiste. Comme une centaine d’agences se partagent ce marché touristique en plein essor, la concurrence ne les incite pas aux mises en garde de leur clientèle. Dans l’ensemble, les guides locaux ont des connaissances médicales insuffisantes, plutôt instinctives. Ils ne comprennent généralement pas les notions de base de la physiologie et de l’étiologie. »

En décembre dernier, le Dr Cauchy est allé enseigner sur place les fondamentaux du MAM, en anglais. Pendant trois jours, s’aidant de vidéos, il a appris à une vingtaine de guides comment ils peuvent repérer les signes d’alerte du pré œdème cérébral ou pulmonaire, passant en revue toute la physiologie d’altitude : troubles du sommeil, hypothermie, gelures, réanimation cardio pulmonaire, attelle de fortune, critères de rapatriement. « Les guides se sont tous montrés réceptifs et motivés, se félicite le formateur, ils n’ont pas caché leur surprise quand je leur expliquais que l’ophtalmie des neiges est une bombe à retardement, avec des céphalées redoutables qui surviennent en pleine nuit. » Des travaux pratiques ont suivi les cours théoriques, avec l’utilisation du caisson hyperbare gonflable et des initiations aux gestes de premier secours.

Mountain medicine : level one

Le test a été concluant. L’IFREMMONT va programmer cette année une nouvelle initiation sur les flancs du Kilimandjaro, avec deux médecins et un secouriste, pour proposer aux guides de cinq agences une validation de diplôme « Mountain medicine : level one ». Cette voie ouverte à la médicalisation des groupes de montagne pourrait contribuer à renverser la tendance commerciale actuelle : au lieu d’éluder les risques pour faire du chiffre à tout prix, les organisateurs pourront à l’avenir se prévaloir d’un label de sécurité. À terme, le principe de précaution aidant, la santé publique en haute altitude devrait bénéficier du nouveau programme.

Un programme que l’IFREMMONT, fort de son label UNITAR (Institut des Nations unies pour la formation et la recherche) après des expériences ponctuelles menées au Kurdiztan et au Népal, s’apprête à lancer dès cette année de manière pérenne en Inde et au Pérou, en offrant la même formation diplômante aux guides locaux. Les applications de la télémédecine pourraient rapidement donner un essor mondial à cette formation médicale spécialisée.

Voir la vidéo sur www.ifremmont.com

CHRISTIAN DELAHAYE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8904