Recommandations sur la prévention des infections du site chirurgical

L'OMS préconise l'antibiothérapie prophylactique et déconseille le rasage pré-opératoire

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Publié le 07/11/2016
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Les infections contractées au cours d'opérations chirurgicales sont à l'origine d'environ 100 millions de journées d’hospitalisation inutiles chaque année.

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, 11 % des patients opérés sont infectés au cours de l’intervention. En Afrique, jusqu’à 20 % des femmes ayant une césarienne contractent une infection de la plaie. Aux États-Unis, elles augmentent les dépenses totales de 900 millions de dollars par an, soit plus de 810 millions d'euros.

« Ces infections surviennent même après des opérations orthopédiques relativement bénignes », explique le Dr Ed Kelly, coordinateur du secrétariat de l'organisation mondiale de la santé (OMS) dédiée à la sécurité des patients, au moment de remettre les premières recommandations de l'organisation en matière de prévention des infections du site chirurgical.

Parmi ces 29 recommandations, les deux points phares concernent le rasage du site chirurgical, considéré comme inutile et dangereux par le comité d'experts, et l'administration d'antibiotiques par voie intraveineuse ou intermusculaire dans les 120 minutes qui précède l'incision.

« Le timing est très important, précise le Dr Kelly, car nous inscrivons malgré tout nos recommandations dans une démarche de réduction de la consommation des antibiotiques : il faut les utiliser au bon moment pour éviter les infections et une sur-utilisation des antibiotiques lors des suites opératoires. Le choix de l’antibiotique est laissé à la discrétion du médecin, en fonction des molécules disponibles, du type d’intervention et du patient. » Le comité recommande d'ailleurs d'éviter une antibiothérapie systématique après l'opération.

Pour le Pr Dame Sally Davies, membre du comité de l'OMS sur la recherche médicale, cette recommandation « doit surtout être respectée pour toutes les interventions un peu importantes, comme les césariennes, ou les interventions gastro intestinales ».

Un rasage très discuté

En ce qui concerne le rasage du site d'intervention, « Il y a beaucoup de discussions au sein du groupe d'expert, reconnaît le Dr Kelly, car de nombreux chirurgiens estiment que le rasage permet d’accéder plus facilement au site d'intervention. Mais après une revue étendue de la littérature, nous avons considéré qu’il n’y avait pas de bénéfice clair ».

Les autres points du document se répartissent entre recommandations applicables de façon systématique, comme l'hygiène des mains et du bloc opératoire, et celles qui dépendent des circonstances et du type d'intervention, telle l'utilisation de résine antimicrobienne lors d'un scellement ou le recours à un support nutritionnel chez les patients sous alimentés. Elles vont de simples précautions, comme s’assurer que les patients se baignent ou prennent une douche avant l’opération ou décrire le meilleur moyen de se laver les mains pour les équipes chirurgicales, à des orientations sur les antibiotiques à utiliser en prévention, les désinfectants à employer avant les incisions et les sutures à faire.

Ces recommandations, fruit d'un travail de 20 experts, ont été produites à partir de 26 études récentes. Elles sont publiées en simultanée dans le « Lancet Infectious Disease ».

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9532