Penser au diagnostic de dengue ou de chikungunya en métropole, alerte Santé publique France

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Publié le 09/07/2019

Crédit photo : S. Toubon

Le plan anti-dissémination du chikungunya et de la dengue mis en place en métropole est-il toujours adapté ? Au regard de l'implantation grandissante en France du vecteur Aedes albopictus, alias moustique tigre, et de la mondialisation, la réponse est non, explique Santé publique France. 

L'agence sanitaire propose de nouvelles stratégies pour gagner en efficacité et appelle les professionnels de santé à évoquer plus rapidement le diagnostic pour cibler les actions. 

« En métropole, après 15 ans de lutte contre Aedes albopictus, dans un nouveau contexte écologique, avec le réchauffement climatique et la disparition de nombreuses espèces d'insectes, il devient urgent de recentrer nos moyens de lutte anti-vectorielle (LAV) sur les risques avérés », écrit Christine Ortmans de l'ARS PACA dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH).

Le moustique tigre remonte vers le Nord

La population exposée augmente chaque année, proportionnellement au nombre de départements dits colonisés ainsi qu'au nombre de voyageurs de retour de zones à risque. Introduit en 2004 dans le sud de la France en 2004, le moustique tigre était implanté dans 42 départements métropolitains en 2018 et à neuf supplémentaires en 2019.

Afin d'être plus efficient et d'éviter le risque de résistance aux insecticides, les épidémiologistes recommandent de recentrer et « limiter les interventions de LAV autour des seuls cas confirmés » et pour cela de « renforcer la sensibilisation et la formation des professionnels de santé », à qui il est demandé d'évoquer plus facilement le diagnostic.

Plusieurs épisodes de transmission autochtone

Depuis 2010, en métropole, 12 épisodes de transmission autochtone ont été identifiés, 9 de dengue et 3 de chikungunya, qui ont entraîné au total 54 cas autochtones, 23 de dengue et 31 de chikungunya, est-il rapporté.

La dengue est l'arbovirose la plus fréquemment identifiée en France métropolitaine, avec 325 cas importés en 2018. Près de la moitié revenait d'un séjour en Asie, 11 % avaient voyagé en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie française et 10 % à la Réunion. Toujours en 2018, le nombre de cas importés de chikungunya était de 16, revenant principalement d'Asie du Sud et du Brésil. Le nombre de cas de Zika notifiés était de 10 – revenant principalement d'Amérique latine –, alors qu'il était de 625 cas en 2016.

Santé publique France rapporte que « seulement 55 % des cas importés probables et confirmés pendant la période d'activité du vecteur ont été signalés par les professionnels de santé », est-il écrit.

Évoquer et tester le plus tôt possible

Évoquer davantage le diagnostic d'arbovirose, faire appel aux bons outils biologiques, signaler les cas à l'ARS, les recommandations de l'agence sanitaire s'adressent aux professionnels de santé.

À propos des tests diagnostiques, « il est nécessaire de réduire au maximum le délai entre le début des symptômes et le prélèvement sanguin : un délai court permet une confirmation par RT-PCR, qui est le test à privilégier », est-il conseillé. Cela implique une formation des voyageurs pour les inciter à consulter dès l'apparition des signes compatibles avec une arbovirose. Il est également rappelé qu'en cas d'identification d'IgM isolées sur un premier prélèvement, ce résultat doit être confirmé par un 2e prélèvement à 15 jours de distance du premier.

Ces mesures ne vont pas sans « une mobilisation sociale », est-il recommandé, pour lutter contre les gîtes larvaires (entretien des terrasses et jardins, réservoirs d'eau non couverts) et pour sensibiliser les voyageurs sur les moyens de prévention des piqûres de moustiques.


Source : lequotidiendumedecin.fr