Réformes : Touraine s'érige en ministre moderne et combative, lors de ses vœux à la presse

Mâtiné de second degré sur ses adversaires mais clair comme de l'eau de roche sur la ligne politique défendue depuis son arrivée à Ségur, en 2012, le discours que Marisol Touraine a tenu ce jeudi lors de ses traditionnels vœux à la presse a renvoyé l'image d'une ministre réformatrice, combative dans l'adversité et soucieuse de placer sa mandature sous le signe de la modernité.

La ministre de la Santé a fait le pont entre 2015, « année législative intense » avec le vote de la loi de santé et 2016, « rendez-vous important pour les professionnels de santé », notamment par l'ouverture des négociations sur la nouvelle convention médicale, « qui débouchera sur une revalorisation tarifaire, dont il reste à définir le cadre ».

Maniant l'humour à froid, Marisol Touraine a accordé « toute sa confiance » aux partenaires conventionnels tout en les taclant au passage. « Je suis certaine que ceux qui ne cessent de dénoncer une prétendue absence de modernisation [dans les réformes qu'elle porte, NDLR] trouveront là un espace idéal pour nous faire découvrir la force de leurs propositions rénovatrices », a-t-elle glissé.

Refus de l'échec

La Grande conférence de la santé du 11 février est l'autre grand rendez-vous de l'année. « L'enjeu, a rappelé la ministre, est de répondre aux attentes des professionnels ou futurs professionnels. »

Et de citer les conditions d'exercice au quotidien, la formation initiale et continue, la participation à la gouvernance territoriale. Autant de thèmes sur lesquels la ministre s'est dite « réceptive » aux propositions des médecins… « Mais pour que je sois réceptive à des propositions, encore faut-il en faire. Je reste sceptique sur la politique de la chaise vide », a-t-elle lancé à l'adresse des cinq syndicats de médecins libéraux seniors, qui boycottent l'événement au profil d'Assises de la médecine libérale faites maison, le même jour.

Concernant la généralisation du tiers payant, Marisol Touraine a refusé de considérer la censure partielle du Conseil constitutionnel comme un échec. Pour elle, le dispositif n'est pas « remis en cause dans sa portée politique car le principe du tiers payant généralisé est consacré et reconnu ». L'obligation est « maintenue » pour l'application du tiers payant sur la part prise en charge par l'Assurance-maladie, « facultative » pour la part des complémentaires santé, a-t-elle insisté. « Et facultatif, ça ne veut pas dire que ce n'est pas possible ! »

La loi de santé, « gros morceau » à décliner en 2016

Si le « gros morceau » législatif de son mandat – la loi de santé – est derrière elle, reste à décliner ce texte sur le plan réglementaire. Pas moins de 170 décrets sont attendus. Les premiers textes sur le comité national du pacte territoire santé, les cahiers des charges pour la formation des usagers et le numéro national unique de garde seront publiés « avant fin février ».

D'ici à la présidentielle de mai 2017 et jusqu'à preuve du contraire, l'inoxydable Marisol Touraine sera encore confrontée à plusieurs crises sanitaires. L'année 2016 commence avec l'épidémie de Zika, installée en Martinique (102 cas confirmés), en Guyane (45 cas) et, dans une moindre mesure, en Guadeloupe. La ministre a invité les femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse à différer leur voyage. 

Marisol Touraine a conclu son discours en indiquant que les premières conclusions de l'enquête sur l'affaire de l'essai clinique à Rennes sont attendues la semaine prochaine.

Enfin, la campagne vaccinale contre la grippe sera prolongée jusqu'au 29 février.