Risque augmenté de BPCO chez les infirmières exposées aux désinfectants de surface

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Publié le 12/09/2017
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Crédit photo : PHANIE

Les infirmières exposées de façon régulière aux désinfectants de surface présentent un risque augmenté de bronchopathie chronique obstructive (BPCO), selon une étude présentée ce lundi par le Dr Orianne Dumas de l'INSERM au Congrès international de l'European Respiratory Society (ERS).

Cette étude réalisée auprès de plus de 55 000 infirmières aux États-Unis avec un suivi d'environ 8 ans révèle que l'exposition professionnelle régulière aux désinfectants de surface, et en particulier certains composés chimiques, majore de 22 % à 32 % le risque de BPCO.

Première étude chez les professionnels de santé

Si un lien avait été montré entre asthme et utilisation de désinfectants chez les professionnels de santé, c'est la première étude à mettre en évidence un lien avec la BPCO, peu étudiée, « malgré deux études récentes en Europe montrant que travailler comme agent de nettoyage est associé à un risque de BPCO », explique le Dr Dumas.

Pour ce travail, l'équipe du Dr Dumas a analysé les données de la US Nurses' Health Study II, qui a débuté en 1989. Les infirmières toujours en activité et sans antécédent de BPCO en 2009 ont été suivies jusqu'en mai 2017. Au cours de cette période, 663 infirmières ont développé une BPCO. L'exposition aux désinfectants était évaluée par questionnaire et par une matrice affectant certaines tâches à l'exposition aux désinfectants. Les résultats étaient ajustés au tabagisme, à l'âge, à l'indice de masse corporelle et à l'appartenance ethnique.

Dans la population étudiée, 37 % des infirmières ont utilisé des désinfectants pour nettoyer des surfaces une fois par semaine et 19 % pour nettoyer du matériel médical, expliquent les auteurs.

Cinq désinfectants pointés du doigt

Une association significative est ressortie pour l'utilisation régulière de désinfectants de surface, c'est-à-dire au moins une fois par semaine, mais pas pour les produits de désinfection du matériel médical. « L'étude suggère un lien entre l'utilisation hebdomadaire de désinfectants pour le matériel médical mais ce n'était statistiquement significatif », explique le Dr Dumas.

En regardant de plus près la composition des désinfectants, les chercheurs ont retrouvé un risque augmenté de BPCO de 24 % à 32 % avec le glutaraldéhyde, l'eau de Javel, l'eau oxygénée (ou peroxyde d'hydrogène), l'alcool et les composés ammonium quaternaires.

Pour les chercheurs, si cette étude observationnelle ne permet pas de conclure au lien de causalité, c'est un élément de plus en faveur de l'impact de l'exposition aux désinfectants sur la santé respiratoire, démontrant « l'urgence d'intégrer des considérations de santé professionnelle dans les recommandations de nettoyage et de désinfection de lieux de soins, comme les hôpitaux », a estimé le Dr Dumas.


Source : lequotidiendumedecin.fr