Ruptures dans le parcours de soins, erreurs médicamenteuses : la HAS se retrousse les manches

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Publié le 25/11/2015

La 5e édition de la Semaine de la sécurité des patients, organisée par la direction générale de l’offre de soins (DGOS) et la Haute Autorité de santé (HAS), en partenariat avec le collectif interassociatif sur la santé (CISS), met l’accent sur l’indispensable coordination des soignants aux différents « points de transition » dans le parcours de soins. « Les difficultés apparaissent lorsqu’il y a un changement d’équipe, de médecins, ou d’établissement », résume Claude Rambaud, coprésidente du CISS.

La lettre de liaison, un document à rédiger soigneusement

Les choses bougent doucement. Le projet de loi santé prévoit une lettre de liaison ville/hôpital destinée au patient et à son médecin traitant, pour assurer la continuité des soins entre le secteur libéral, les établissements de santé et médico-sociaux. Rédigée par le médecin traitant, elle accompagne une demande d’hospitalisation ; à la sortie de l’hôpital, elle est remise par le praticien hospitalier au patient, et réadressée au médecin traitant.

La HAS a déjà travaillé sur l’indicateur « qualité du document de sortie » (qui sera renommé « qualité de la lettre de liaison » après vote de la loi) dans 64 établissements MCO volontaires. « Nous avons eu 31 % de satisfaction sur la qualité », commente le Pr Jean-Luc Harousseau, président du collège de la HAS.

Et pour éviter les erreurs potentiellement graves engendrées par un défaut d’identification du patient, la HAS a fait de l’identito-vigilance un critère obligatoire de la certification des établissements.

Beaucoup trop d’erreurs médicamenteuses évitables

Pour lutter également contre la iatrogénie, la HAS alerte sur l’importance de la conciliation des traitements médicamenteux, un processus formalisé qui permet de prendre en compte, dans une nouvelle prescription, l’ensemble des médicaments (pris, à prendre, prescrits ou pas) d’un patient hospitalisé.

À ce sujet, l’expérimentation Med’Rec concentrée sur les patients de plus de 65 ans (dans 9 établissements pendant 5 ans) révèle que cette conciliation a permis d’établir 46 188 divergences médicamenteuses (écart entre le bilan médicamenteux établi à l’admission et la prescription en cours) sur 27 447 patients « conciliés ». 21 320 erreurs médicamenteuses ont été repérées, 23 381 changements de traitement n’avaient pas été documentés...

Au regard du grand nombre d’erreurs médicamenteuses évitables, la HAS prévoit la parution d’un guide de bonnes pratiques au premier semestre 2016 sur cette conciliation qui est assez complexe dans son organisation et prend 30 minutes en moyenne. Du côté des patients, Claude Rambaud préconise d’adopter le dispositif « Blue button » permettant de télécharger ses données de santé sur son portable.

Encourager financièrement la qualité

La HAS et le ministère travaillent enfin au développement des indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS). Une version simplifiée du site www.scopesante.fr présentant les résultats de ces indicateurs sera lancée en mai 2016.

L’incitation financière à l’amélioration de la qualité (IFAQ) lancée en 2012 dans 220 établissements pour un coût de 14 millions d’euros, sera généralisée en 2016 à toutes les structures MCO. Pour les « mauvais élèves », la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015 prévoit un contrat d’amélioration des pratiques en établissements de santé qui permet d’élaborer un plan d’action entre l’hôpital et l’ARS, avec sanction possible en dernier recours.


Source : lequotidiendumedecin.fr