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Trois thèses primées en Île-de-France

Publié le 30/03/2011
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Crédit photo : DR

« LE BOUCHE-A-OREILLE fonctionne dans les facultés », déclare José Clavéro, président du jury de cette neuvième édition des prix Machaons, qui souligne la qualité des 48 thèses soumises au comité de lecture cette année. « Ces approches visionnaires passionnantes n’abordent plus uniquement le côté médical de notre pratique. Nos jeunes médecins s’intéressent de plus en plus à l’organisation des soins et le jury décerne cette année le premier prix à un travail étonnant mené sur la relation médecin-patient-aidant dans la maladie d’Alzheimer. » Cédric Bornes, ému de cette distinction remise par Gérard Lyon, président du comité de lecture, s’explique. « J’ai d’abord choisi un sujet qui me tient à cœur, aidant moi-même un proche atteint de cette pathologie redoutable, mes expériences de remplacement n’ont fait que confirmer le besoin de réfléchir et d’avancer pour améliorer les choses. »

* Alzheimer : adapter le déroulement des consultations

Cédric Bornes, s’est donc lancé dans un vaste travail d’enquête avec des entretiens associant des patients, des médecins généralistes et des aidants dans la détresse. Ces confrontations mettent en avant un certain nombre de difficultés à résoudre pour améliorer la prise en charge tant du patient que de l’entourage. Selon le jeune médecin, l’approche de ces patients mérite une adaptation claire dans le déroulement de la consultation, notamment dans la gestion du temps, l’identification et l’évaluation de l’aidant, la gestion des conflits et le respect du secret médical, des droits du patient à l’information et de son consentement. « Des difficultés à résoudre tous les jours en consultation, avec un regard qui va bien au-delà de l’examen du cas clinique », estime-t-il. Ces travaux, qui ont déjà valu à Cédric Bornes, le prix Léon Baratz de l’académie nationale de médecine, lui ont donc permis aujourd’hui de remporter le premier prix Machaons 2010, doté de 6 000 euros, l’invitant à poursuivre ses efforts.

* Diagnostiquer le deuil compliqué

À ses côtés, Laetitia Tessier de Mongolfier empoche le deuxième prix (3 000 euros) pour ses travaux sur le diagnostic du deuil compliqué. « Ce sujet essentiel du deuil pathologique est très peu abordé au cours de notre formation, »,regrette-t-elle. Que fait le médecin lorsque le deuil se complique ? Comment le diagnostique-t-on ? L’enquête, menée à Versailles auprès de 244 endeuillés adultes, lui permet de dresser un inventaire précis et d’isoler plusieurs facteurs de risque de deuil pathologique. Invitant les médecins à être notamment plus attentifs aux femmes lorsqu’il s’agit de décès brutal, son étude met en évidence la place centrale du généraliste, consulté dans 67 % des situations de deuil sans que cette raison soit clairement invoquée.

* S’intéresser aux fractures

Dans un tout autre domaine, la troisième thèse primée (1 500 euros) appelle les généralistes à plus de vigilance dans le dépistage des risques d’ostéoporose chez les patientes ménopausées. Nan Trân Nguen-Cuu, qui a repris il y a quelques mois le cabinet de son père à Meaux, veut donner l’alerte. Dans son étude, 87 % des patientes ménopausées présenteraient un facteur de risque ou d’ostéoporose et 43 % d’entre elles n’auraient jamais bénéficié d’une ostéodensitométrie. Parmi les facteurs de risques entrant en ligne de compte, elle estime que l’on n’attache « pas assez d’importance aux antécédents personnels de fracture qui concerneraient une femme sur deux souffrant d’ostéoporose ». La ménopause lui semble une occasion idéale de poser systématiquement cette question en consultation. Nan Trân Nguen-Cuu espère aussi que les spécialistes qui verront ses patientes pour des fractures auront le bon réflexe de lui communiquer ces informations.

LAURENCE MAUDUIT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8934