Troubles bipolaires : la HAS invite les médecins à diagnostiquer précocement pour réduire le risque suicidaire

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Publié le 07/10/2015

Crédit photo : PHANIE

Le trouble bipolaire est l’une des pathologies psychiatriques les plus graves : 1 malade sur 2 fera au moins une tentative de suicide dans sa vie et 15% décèderont d’un suicide. En France, on estime qu’entre 1 et 2,5 % de la population est touchée par ce trouble, mais ce chiffre serait sous-évalué. Par ailleurs, la Haute autorité de santé (HAS) estime qu’il s’écoule en moyenne 10 ans entre l’apparition des symptômes et la mise en place d’un traitement adapté.

C’est la raison pour laquelle elle a publié sur son site internet, une fiche démo, afin d’aider les médecins du premier recours au diagnostic précoce de cette pathologie.

Cette fiche insiste sur le caractère précoce du début de la maladie (entre 15 et 25 ans). Elle recommande, devant tout épisode dépressif, de rechercher des arguments en faveur d’un trouble bipolaire. Les médecins sont invités à se renseigner sur les antécédents et le caractère épisodique des troubles, et à rechercher systématiquement un trouble bipolaire en cas de tentative de suicide chez un adolescent ou un adulte jeune et à surveiller plus particulièrement les adolescents souffrant d’un épisode dépressif et présentant un antécédent familial de trouble bipolaire.

En cas de suspicion de trouble bipolaire, le médecin traitant doit réaliser un entretien pour établir un diagnostic, évaluer la sévérité du trouble bipolaire et le risque suicidaire. Le patient doit ensuite être adressé à un psychiatre pour confirmer le diagnostic. Son suivi ferra l’objet d’une collaboration entre le médecin traitant, un psychiatre, la famille et les proches. L’hospitalisation peut être envisagée pour les patients présentant un épisode maniaque ou mixte ou pour tout épisode présentant des critères de sévérité.

Un diagnostic complexe

Le diagnostic du trouble bipolaire est complexe pour différentes raisons. Les différents types d’épisodes ne se manifestent pas de manière équivalente : les épisodes dépressifs sont prédominants et plus nombreux tandis que les épisodes de manie, et surtout d’hypomanie, peuvent passer inaperçus pour le médecin comme pour le patient qui les subit. Il s’agit également d’une maladie qui débute précocement et qui peut être associée à d’autres pathologies psychiatriques (addictions, troubles anxieux, troubles des conduites…) ou être confondu avec une schizophrénie, par exemple.

Les éléments à rechercher sont d’éventuels antécédents d’hypomanie/manie passés inaperçus, la survenue de dépression avant 25 ans, des antécédents familiaux, un changement brutal dans le fonctionnement psychique, plus de 3 antécédents d’épisodes dépressifs, des symptômes dépressifs atypiques, des tentatives de suicides répétées, une réaction anormale à un traitement antidépresseur ou des changements de comportements en rupture avec le fonctionnement habituel de l’adolescent (repli sur soi, décrochage scolaire, conduites à risque, prises de substances psychoactives…)


Source : lequotidiendumedecin.fr