Taxe sur les boissons sucrées

Une mesure « médicalement justifiée », selon l’Académie

Publié le 22/09/2011
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LE 1er JANVIER prochain, la nouvelle « taxe sodas » devrait entrer en vigueur. Bientôt discutée au Parlement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2012, cette mesure doit générer au moins 120 millions de recettes nouvelles. Eaux aromatisées, jus de fruit (sans sucres ajoutés) et produits contenant des édulcorants ne sont pas concernés par ce dispositif fiscal, qui prévoit une « accise spécifique sur les boissons sucrées », avec un taux aligné sur celui des vins « tranquilles » (sans bulles), de l’ordre de 3,55 euros par hectolitre.

D’après les industriels de l’agroalimentaire, cette taxe entraînera en pratique un surplus d’un centime d’euro sur le prix de vente des canettes de soda. Peut-on dès lors parler ici, comme l’affirme le gouvernement, d’une mesure de santé publique ? On peut en effet douter qu’une hausse de prix aussi imperceptible pour le consommateur puisse constituer un réel obstacle à l’acte d’achat de boissons sucrées. Si des augmentations de 6 % du prix du tabac n’influent déjà guère sur l’évolution du tabagisme en France, quelques centimes d’euros supplémentaires sur les sodas n’agiront pas plus dans le domaine de l’obésité.

Pour l’Académie nationale de médecine, « le projet de taxe sur les boissons sucrées est médicalement justifié, même si son efficacité ne pourra être estimée qu’après sa mise en application ».

En complément de la mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de son plan de rigueur, l’Académie rappelle ses recommandations antérieurement proposées. Il est d’abord essentiel de « contrôler la publicité sur les boissons avec sucre ajouté ». Les mesures éducatives parvenant difficilement à « contrebalancer la publicité orchestrée autour de ces produits, à l’intention notamment des plus jeunes et des plus défavorisés ». Il serait également judicieux d’« inciter les consommateurs à réduire leur consommation de produits raffinés et sucrés au profit d’aliments plus naturels » comme le miel, les fruits frais, les légumes, les purs jus de fruits. L’Académie conseille aux consommateurs de « lire avec soin les étiquettes pour identifier les produits transformés contenant des HFCS (High Fructose Corn Syrups ou sirops de maïs à haute teneur en fructose) ou les sirops de fructose glucose ». Une formation spécifique à destination des professionnels de santé, des enseignants, des acteurs sociaux et économiques et des responsables des collectivités locales devrait par ailleurs être mise en place.

Impacts multiples.

Dans un point d’information, le Pr Claude Jaffiol, membre de l’Académie nationale de médecine rappelle les effets délétères d’une consommation excessive de boissons sucrées. Outre la surcharge pondérale et les graves conséquences sanitaires qui en découlent (diabète, maladies cardiovasculaires...), celle-ci agirait défavorablement sur la densité osseuse et demeure un « facteur de mauvaise santé dentaire lié aux pullulations microbiennes ». Si un régime alimentaire équilibré doit comporter entre 50 et 55 % de glucides indispensables à l’organisme, à la différence des sucres lents qui doivent être privilégiés, « les boissons sucrées fournissent ces glucides sous une forme très rapidement assimilable, déclenchant une intense sécrétion d’insuline », à l’origine de la formation de graisses chez les personnes génétiquement prédisposées. Enfin, bien que les jus de fruits purs « méritent une place à part en raison de leur caractère naturel et de leur richesse en vitamines et oligo-éléments », il est « préférable de les consommer pendant les repas afin d’éviter une assimilation trop rapide des sucres qu’ils contiennent », souligne le Pr Jaffiol.

 DAVID BILHAUT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9009