AVANT D’ABANDONNER son maroquin, Mary Harney s’est rendue très impopulaire auprès des médecins. L’ancienne ministre de la Santé a en effet incarné les plus sombres heures de l’austérité appliquée à la santé. À tel point qu’un tabloïd irlandais, « The Irish Daily Mirror », n’hésite pas aujourd’hui à dire dans ses gros titres que Mary Harney a « du sang sur les mains ». À l’automne dernier, la ministre avait annoncé un nouveau plan d’économies à hauteur d’un milliard d’euros en 2011, un montant équivalent aux « cuts », enregistrées en 2010. Après cette annonce, la ministre a d’ailleurs subi une spectaculaire « attaque » d’une élue de Dublin qui l’a aspergée de peinture rouge pour dénoncer la rigueur budgétaire dans les services de santé.
Les hôpitaux ont été particulièrement affectés par ces coupes. Baisse de salaires de 7 % de tout le personnel en 2010, fermetures de petits hôpitaux, de services d’urgences et baisse programmée de 1 500 à 2 000 lits, lits ouverts 5 jours par semaine au lieu de 7, plan de départs à la retraite anticipées… Le service public a beaucoup souffert des décisions prises ces derniers mois. Le gouvernement a offert aux personnels d’administration et aux paramédicaux de prendre leur retraite un peu plus tôt que prévu. Il leur demandait de prendre leur décision avant la fin de l’année 2010, leur offrait une prime au départ et leur permettait de bénéficier d’une pension de retraite au niveau de 2009… avant que n’interviennent les baisses de salaire. Le gouvernement espérait que l’arrangement intéresserait 5 000 personnes mais un peu plus de 2 000 seulement ont accepté ce « deal ».
Dans ce contexte de crise extrême, le monde de la santé a paradoxalement peu manifesté en Irlande. « La grève n’est pas dans notre culture », a confié l’un de nos interlocuteurs. Le non-remplacement des personnels qui partent à la retraite est cependant mal vécu par les paramédicaux. La semaine dernière, le principal syndicat des infirmières irlandaises (INMO) appelait ses troupes à organiser des déjeuners de protestation devant les hôpitaux. Il voulait exprimer son inquiétude de voir les nouvelles infirmières diplômées ne pas pouvoir entrer sur le marché du travail.
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